Dernière mise à jour le : 22/10/2024
Le trouble bipolaire semble affecter les hommes et les femmes en proportions sensiblement équivalentes. Il est caractérisé par les variations d'humeur. Sa définition complète est : un ou plusieurs épisodes maniaques ou hypomaniaques, accompagnés de un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs. Ces épisodes apparaissent typiquement en cycles. Une personne souffrant de trouble bipolaire sera sévèrement excitée par moments, sévèrement déprimée à d'autres moments, et entre les deux une partie (ou la plupart) du temps (Source : bipolaire.org).
Agir Mag : Qu'est-ce qui a justifié la création de l'association Bipol Entreprises?
Christophe Docet : Tout le monde rencontre des troubles de l'humeur, et dans 90 % des cas ils vont être correctement gérés, sans incidence sur la personne ni sur son environnement. Reste 10 % des cas pour lesquels ces troubles vont être nettement supérieurs à la norme, c'est alors que l'on parle de « bipolarité ». Le problème est que personne ne tient compte des bipolaires en entreprise.
Agir Mag : Comment repérer les personnes qui souffrent de troubles bipolaires dans l'entreprise ?
C.D : Le premier signe concerne l'absentéisme répété pour arrêt maladie. Mais on peut également détecter ce genre de trouble à travers l'environnement du salarié, simplement à travers un comportement contrasté, des changements d'humeur très fréquents et très sensibles. La troisième façon de détecter les troubles, sans doute plus efficace, concerne bien évidemment la consultation faite par le médecin du travail. Dans le cadre de l'association Bipol Entreprises, nous intervenons aussi pour sensibiliser les dirigeants à cette question, afin de leur apprendre à détecter les symptômes et faire un diagnostic.
Agir Mag : Est-ce que les salariés bipolaires reconnaissent leur état ?
C.D : Les salariés acceptent généralement une démarche qui est dans leur intérêt, d'autant qu'ils sont en souffrance. Mais il ne faut pas négliger un problème de taille : beaucoup de personnes sont dans le déni, notamment parce que l'entourage professionnel est lui-même dans le déni de la bipolarité. Ce qui s'explique par le tabou lié aux troubles de l'humeur, ou parce qu'un comportement de type maniaco-dépressif peut paradoxalement arranger l'encadrement professionnel. On va ainsi faire davantage appel à un salarié qui est en crise maniaque, c'est-à-dire en « suractivité », en lui octroyant des tâches supplémentaires tout en mettant lui une forte pression par ailleurs lorsqu'il est en phase dépressive. Dans ce cas, nous intervenons au niveau de l'encadrement pour corriger un management qui n'est plus adapté. Car il faut préciser que ce mode de management s'applique souvent du fait d'une méconnaissance des troubles bipolaires. Or, dès que l'on met en lumière cette problématique, il devient plus facile de changer les pratiques managériales.
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