Dernière mise à jour le : 22/10/2024
Agir Mag. : Pourquoi un observatoire des risques au niveau européen ?
Emmanuelle Brun : Le rôle de notre observatoire est de cibler les problèmes émergents de santé au travail afin d’en informer la communauté scientifique et de stimuler la recherche sur ces thématiques ; ainsi que de sensibiliser les décideurs politiques pour pouvoir dégager des financements permettant de lutter contre les différentes pathologies qui se développent. Nous mettons également en oeuvre des actions d'information auprès des entreprises afin de les sensibiliser aux risques professionnels. Nous travaillons auprès des gouvernements et de tous les préventeurs dans les différents états membres. Le but étant de développer une culture de prévention.
Agir Mag. : Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent ?
E.B : La tendance macro-économique du changement de la composition de la population active lié aux évolutions démographiques. Parmi les principales caractéristiques : une population vieillissante, d'où la nécessité d'adapter le poste de travail aux besoins de cette population pour pouvoir conserver des bonnes conditions de santé et sécurité. Ce qui ne veut pas dire que l'on doit oublier les jeunes ! Car dans le même temps, les jeunes actifs sont de plus en plus exposés à des conditions de pénibilité du travail.
Agir Mag. : Et en qui concerne la « féminisation du travail » ?
E.B : L'accroissement du nombre de femmes au travail demande de nouvelles réponses au niveau de la prévention. C’est notamment le cas dans l’utilisation de produits toxiques, testés généralement par rapport aux conséquences sur les organismes masculins. De fait, on manque de connaissances sur les risques liés à ces substances pour les femmes. Il en est de même pour la conception des postes de travail, qui ne sont pas toujours adaptés à la population féminine.
Agir Mag. : D’autres grandes tendances ?
E.B : On observe par ailleurs l'augmentation de la population immigrée en Europe, des travailleurs souvent plus défavorisés en termes de santé et sécurité au travail puisqu'ils occupent en général les postes les plus dangereux et ne sont pas toujours capables d'intégrer les informations relatives à la sécurité dans la langue du milieu où ils travaillent. On note enfin un développement un peu inquiétant de la sous-traitance, avec des personnes qui sont de plus en plus exposées aux risques, faute de formation de la part de l’employeur, alors qu'elles sont affectées aux travaux les plus dangereux…
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