Le point sur la « Grippe A »

Depuis son apparition au Mexique, en mars dernier, le virus A/H1-N1 ne cesse de se propager dans le monde : des milliers de personnes contaminées, dans plus de 120 pays, avec un taux de mortalité légèrement supérieur à celui de la grippe classique. La France, à ce jour, demeure peu touchée et aucun cas grave n’a été observé. Néanmoins, la vigilance reste de mise au sein des autorités sanitaires : les épidémiologistes redoutent une recrudescence de l’épidémie à l’automne…

3 questions au Dr. Alain Batarec
Médecin généraliste

Agir Mag : Quelles sont les caractéristiques du virus A/H1N1 ?
Alain Batarec : Le virus A/H1-N1 est nouveau : il résulte de la combinaison d’une souche humaine, d’une souche aviaire et de deux souches porcines.  Il se transmet par voie respiratoire, d'un individu à l’autre, mais on ne risque rien en mangeant de la viande de porc. On peut l’attraper au contact d’une personne infectée ou en touchant un objet qu’elle a manipulé. Etant différent de celui de la grippe normale, la plupart des gens ne disposent pas de défenses immunitaires contre lui et il peut donc se propager très rapidement. Mais les symptômes de la grippe mexicaine sont semblables à ceux de la grippe saisonnière classique : fièvre, maux de tête, courbatures, toux… Les personnes de moins de 60 ans semblent les plus vulnérables. Enfin, ce nouveau virus est sensible à deux antiviraux : Tamiflu ® et Relenza ®.

Agir Mag : Que signifie le terme de « pandémie grippale » ?
A. B. : Une pandémie grippale est la propagation rapide et mondiale de cas de grippe dus à un nouveau virus auquel les populations n’ont encore jamais été exposées. Une pandémie peut s’étendre par vagues successives sur plusieurs mois, avec des conséquences délétères majeures tant sur le plan sanitaire que socio-économique.

Agir Mag : Sommes-nous réellement en présence d’une pandémie ?
A. B. : Depuis le 11 juin, l’Organisation Mondiale de la Santé a relevé son niveau d’alerte à 6, ce qui officialise l’existence d’une pandémie grippale. Cette décision se justifie par l’existence de foyers épidémiques dans au moins 2 régions distinctes du globe, mais ne signe pas, pour le moment, une augmentation de la gravité de la maladie. Face à une pandémie, en fonction de la situation locale, chaque état doit adapter son plan de réaction : campagnes d’information, organisation des soins, contrôles aux frontières, vaccination, voire des mesures beaucoup plus contraignantes (port de masques, limitation des déplacements, interdiction des rassemblements, fermeture des écoles…).

Agir Mag : Quels sont les modes de prévention ?
A. B. : Il faut adopter quelques réflexes d’hygiène simples : se laver régulièrement les mains avec du savon ou une solution hydroalcoolique ; utiliser des mouchoirs en papier pour se moucher, éternuer ou tousser et les jeter après usage…puis se laver les mains ! En cas de symptômes grippaux, il faut rester chez soi et demander conseil auprès de son médecin traitant ou appeler le 15. Un vaccin spécifique est en cours de fabrication : il devrait être disponible à l’automne. L’OMS n’envisage pas la vaccination universelle, mais compte privilégier des actions ciblées sur les groupes à risques. Enfin, il faut se conformer aux décisions prises par les autorités sanitaires de chaque pays, être prudent…mais ne pas céder à la panique !
 

• Numéro utile : Plateforme téléphonique Grippe A du Ministère de la Santé : 0 825 302 302