Dernière mise à jour le : 13/12/2024
Technicien intermittent du spectacle durant 13 ans, puis régisseur principal à la Scène nationale d’Evreux-Louviers durant 10 ans, Philippe Wingert s’est reconverti comme préventeur IPRP après la survenue d’une arthrodèse lombaire. Son expérience du terrain lui apporte un regard aiguisé sur la prévention santé-sécurité de l’activité du spectacle vivant caractérisé par la variété des lieux, des temps, des rythmes et des compétences mais où la « prise de risque » est parfois intégrée, à tort, à la notion artistique et à la scène…
Agir Mag : A quels types de risques sont confrontés les artistes et techniciens du spectacle vivant ?
Philippe Wingert : Ils sont variés, fréquents et aggravés par des situations dangereuses liées à des lieux de travail souvent temporaires, au caractère inédit de chaque spectacle, à un rythme de travail spécifique où les horaires irréguliers, le travail de nuit et les pics d’activités sont fréquents. De plus la co-activité de différents corps de métiers, avec divers intervenants co-responsables d’une manifestation peut poser problème. La profession est le plus souvent victimes d’accidents de plain-pied, d’autres liés à des manutentions manuelles puis aux chutes de hauteur (montage des décors, tribunes...), aux nuisances visuelles (lasers, projecteurs, écrans..) et sonores (instruments de musique, enceintes acoustiques..), aux risques électriques (triphasé). Leurs maladies professionnelles les plus souvent reconnues sont les TMS.
Les artistes qui exercent sous la pression constante de leur milieu professionnel et du public peuvent être marqués par une usure physique et psychologique les prédisposant aux effets psychosomatiques du stress et à certains comportements addictifs. Enfin, les métiers du cirque et de la cascade comportent une prise de risque physique évidente !
Agir Mag : Est-ce difficile de concilier performance artistique et prévention ?
P.W. : Les sonorisateurs ne peuvent pas porter de bouchons d’oreille durant les concerts car ils ont besoin d’une audition claire et efficace pour régler leur balance. Sur certains évènements, ils mettent de temps en temps ces protections de façon à alléger le bruit dans les oreilles.
La phase du spectacle proprement dite amène d’autres risques puisque chacun est plutôt concentré sur des problématiques artistiques avec des interventions de techniciens dans le noir à des endroits sur scène et en coulisses parfois exigus et encombrés d’appareils et d’éléments de décor…
Agir Mag : Où en est la démarche de prévention dans la profession ?
P.W. : Ce milieu professionnel est très conscient des risques pris, mais par exemple l’arrivée des équipements de protection individuelle (EPI) est relativement récente. Se pose aussi souvent la question de savoir à qui revient la charge des achats d’EPI pour ces intermittents qui changent d’employeurs régulièrement et sont parfois équipés de gants ou chaussures de protection « bon marché », donc moins bien adaptés que celles des titulaires.
Selon la structure, la prévention est prise en compte par le directeur technique ou le régisseur général, mais est encore souvent vécue comme une contrainte située derrière les règlements. Elle passe par des pratiques et gestes professionnels sécuritaires, adaptée à chaque type de métier, qui sont désormais enseignés lors des formations initiales ou continues aux métiers du spectacle et de l’événementiel.
Sauf exception, la visite médicale périodique a lieu tous les 2 ans. Le médecin du travail peut placer les intermittents en SMR (surveillance médicale renforcée, visite annuelle) au regard des risques auxquels ils sont exposés. L’intermittent du spectacle peut bénéficier de visites de reprise (suite à un arrêt de travail, une maladie ou une grossesse) et de visites à sa demande. L'employeur peut solliciter une visite médicale en plus de la visite périodique.
Source : CMB Santé
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