Le syndrome du canal carpien

Le syndrome du canal carpien représente 50% des troubles musculo-squelettiques reconnus comme maladies professionnelles. Des facteurs professionnels ou non professionnels peuvent favoriser son apparition… Le syndrome du canal carpien est une pathologie liée à la compression d'un nerf au niveau de la face palmaire du poignet. Ce nerf est comprimé entre le poignet osseux et un ligament que l'on appelle le ligament annulaire du carpe.

Interview
Christophe Charousset, Chirurgien de l'épaule et des membres supérieurs

Agir Mag. : Quels sont les symptômes du syndrome du canal carpien ?
Christophe Charousset : Les premiers symptômes sont des picotements (paresthésies)  dans les doigts, principalement dans trois doigts (le pouce et l'index et le majeur), qui surviennent plutôt pendant la nuit. Quand ce syndrome s'installe durablement, on commence à avoir une diminution de la force musculaire des doigts. Par conséquent, dès que l'on commence à ressentir ce genre de picotements, qui peuvent provoquer des réveils en cours de nuit, il faut consulter un médecin pour savoir de quel type d'atteinte on souffre au niveau de ce canal carpien. Les douleurs apparaissent plutôt autour de la quarantaine ou de la cinquantaine.

Agir Mag. : Quelles peuvent être les causes de ce trouble ?
C.C : Ce syndrome touche principalement les femmes, et ce sont essentiellement des causes de variations hormonales qui expliquent l'apparition de la pathologie. Qu'il s'agisse de problèmes de la thyroïde ou autre. L'obésité est également un facteur aggravant. Il y a ensuite toutes les causes professionnelles, qui sont très importantes, notamment au niveau des salariés qui manipulent des préparations de viandes, de poissons, avec des flexions et extensions du poignet, ou les ouvriers qui fabriquent des appareils électroménager. D'autres métiers sont plus particulièrement concernés, comme celui des couturières, puisque cette maladie professionnelle est liée à la répétition des mouvements de flexion et d'extension du poignet, entraînant la compression du nerf médian.

Agir Mag. : Quelles sont les conséquences de ce syndrome ?
C.C : Tout dépend du niveau de compression. Si la compression du nerf est sévère, il faut intervenir de façon urgente. Pour qu'il puisse rester viable, il va falloir le libérer le nerf comprimé en coupant le ligament annulaire antérieur du carpe. En attendant cette intervention, on peut substituer un traitement médical en faisant notamment les infiltrations ou des attelles de positionnement, ou adapter le poste de travail en cas de maladie professionnelle. Mais dès que le syndrome est sévèrement installé, l'opération chirurgicale s'impose. On vérifie la sévérité de la pathologie en demandant aux patients de réaliser un « électro-myogramme » pour savoir quel est le niveau de compression du nerf.

Agir Mag. : Comment prévenir le syndrome du canal carpien ?
C.C : On peut faire de la prévention en travaillant l’ergonomie des postes de travail. Il faut ainsi aménager des temps de pauses plus fréquents, savoir s'arrêter, se dégourdir les doigts. Aujourd'hui, les personnes qui utilisent énormément un clavier doivent également apprendre à se positionner au niveau du poignet comme de l'épaule. Et surtout, je le répète, savoir s'arrêter un petit moment tout au long de la journée pour reposer les membres. C'est de la prévention et de l'ergothérapie.