Dernière mise à jour le : 13/12/2024
On estime que le coût de la prévention des risques représente de 4 à 12 % du chiffre d'affaires d'une entreprise, mais ce que l'on ne mesure généralement pas, c'est le gain généré par le fait que l'on a évité les sinistres contre lesquels on s'est protégés ! « C'est pour cela que l'on ne voit bien souvent que l'aspect « dépense » quand il est question de prévention et pas le côté rentabilité », note Bernard Barthélémy(1)…
Agir Mag. : La notion de rentabilité est-elle, selon vous admise dans le domaine de la prévention ?
Bernard Barthélémy : Pas encore, malheureusement, et pour deux raisons essentielles ; d’une part la prévention est vécue majoritairement comme une obligation totalement déconnectée de la productivité et de la rentabilité. D’autre part, si on veut mesurer le retour sur investissement de mesures de prévention des risques, cela ne peut se faire qu'avec des outils statistiques qui sont généralement mal maîtrisés par les dirigeants.
Agir Mag. : Comment se mesure le rapport entre prévention et rentabilité?
B.B : La prévention est profitable uniquement si on se place dans une perspective de moyen et de long terme. Par exemple, si on veut limiter le risque incendie, il faut être capable de se dire : « Le matériel de protection me coûte aujourd'hui de l'argent, mais le jour où il y aura un départ de feu, je récupérerai mon investissement ». Le problème qui se pose depuis quelque temps, c'est que les entreprises sont majoritairement gérées à court terme. Ce qui conduit parfois à faire l'impasse sur des mesures de prévention.
Agir Mag. : Comment estimer le « retour sur investissement » ?
B.B : Prenons un exemple très simple. Je suis motard et quelqu'un me défie un jour de sauter à l'aide d'un tremplin au-dessus de dix voitures en feu, moyennant une rémunération d'un million d'euros. À partir de là, j'ai deux attitudes possibles : la première consiste à enfourcher ma moto et à tenter immédiatement de sauter, pour gagner aussitôt la totalité de la somme, mais la probabilité de réussite de cette opération est très faible puisque je ne suis pas préparé.
La deuxième solution, c'est de relever le défi, mais dans six mois, et de profiter de ce laps de temps pour étudier le problème, de m'entraîner, de choisir la bonne moto, de peser le risque, d'investir dans des équipements et de la formation pour réduire ce risque, en d’autres termes d’être dans la prévention ! Mettons que ce travail de préparation et d’anticipation me coûte 200.000 €, je ne pourrais donc gagner au final « que » 800.000 €, mais la probabilité que je réussisse le défi est alors tellement supérieure que l'investissement de 200.000 € en vaut vraiment la peine ! En somme, gérer les risques, c'est accepter d'être un peu moins « riche » aujourd'hui pour avoir une plus grande certitude de réaliser sa « richesse » plus tard…
(1) Bernard Barthélémy, « La gestion des risques : Méthode d'optimisation globale » (éd. d’Organisation)
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