Dernière mise à jour le : 22/10/2024
Agir Mag. : Qu'est-ce qu'on entend par travail sous contrainte de temps ?
Isabelle Grimaud : Le travail sous contrainte de temps est un travail dont le rythme est imposé au salarié soit par une machine soit par des normes de productivité. C'est le cas par exemple sur les chaînes de montages où la cadence est imposée par la machine, sur les plateaux téléphoniques où le rythme de travail est dicté par la fréquence des appels, ou encore dans la restauration où il faut répondre le plus rapidement possible à la demande du client.
Agir Mag. : Quelles peuvent être les conséquences sur la santé ?
I.G : Elles sont doubles. D’abord, le salarié soumis à une contrainte de temps peut plus ou moins perdre ses moyens et ne plus arriver à faire correctement son travail, ce qui va engendrer un stress psychologique puis à plus long terme, un risque d’atteinte de sa santé mentale. Parallèlement, pour répondre aux objectifs fixés le salarié va réduire ou modifier certaines opérations, diminuer la qualité de son travail, et gagner du temps en contournant les procédures de sécurité...
Agir Mag. : Comment mesurer ce type de risque ?
I.G : Tout d’abord, en interrogeant les salariés ; des questions simples du type « avez-vous le temps de réaliser votre travail ? » peuvent déjà être révélatrices. Mais il faut également regarder les salariés travailler car seule l’observation sur le terrain permet d’appréhender véritablement la façon dont ils effectuent leurs tâches.
Agir Mag. : Quels sont les moyens d'éviter ce problème ?
I.G : Il faut adapter l’organisation du travail à la charge et à ses éventuelles variations, en donnant à la fois des moyens humains, des outils adaptés et les formations nécessaires. Il faut également permettre un débrayage et une reprise du contrôle du rythme de travail par l’opérateur en cas d’incident, notamment lorsque les cadences sont imposées par la machine.
Agir Mag. : Comment convaincre un employeur d'appliquer ce genre de stratégie ?
I.G : En expliquant qu’un salarié soumis au stress de la contrainte de temps va perdre son efficacité, tout simplement parce qu'il ne va plus pouvoir réaliser correctement son travail. Il va faire davantage d'erreurs, sauter éventuellement des étapes, limiter les opérations de contrôle et donc fournir un travail de moins bonne qualité. Surtout, il risque de se mettre en danger en contournant les procédures de sécurité, ce qui pourra être suivi d'un accident du travail avec engagement de la responsabilité de l’employeur, et éventuellement un arrêt de travail qui va pénaliser la production. L'employeur n'a donc aucun intérêt à voir cette situation se produire.
En vous abonnant à AGIR Magazine – Santé et Entreprises, vous bénéficiez également de notre "encyclopédie pour la qualité de vie au travail" durant toute la durée de votre abonnement sur l’espace réservé du site Internet : Agir-mag.com.
L’interface en ligne "Abonnés" met à votre disposition :
Consultez les sommaires de l’intégralité des numéros sur le kiosque numérique.
La santé et la sécurité sont des piliers de la qualité de vie au travail. La prévention des risques professionnels en est le levier... Au programme : des témoignages, des initiatives et des cas concrets pour inspirer vos pratiques…!