Dernière mise à jour le : 13/12/2024
Interview Express
Dr. Takeshi Kondo - Cardiologue - Centre d'Explorations Médicales Franco-Japonais – Clinique Turin
Agir Mag. : Comment est organisée la santé au travail au Japon ?
Takeshi Kondo : Elle s'inscrit dans la logique d'un système de prise en charge de la santé des salariés très différent de ce que l'on connaît en Europe. Ainsi, même si le modèle de sécurité sociale est assez similaire entre la France et le Japon, puisqu'il s'applique à tout le monde, on constate des écarts plus importants dans la gestion du personnel à l'intérieur des entreprises ; notamment parce que les sociétés japonaises ont souvent gardé un mode de gestion paternaliste. De fait, même de grandes entreprises comme Toyota ou Sony ont leur propre système de santé, avec une prise en charge des employés à 100 %. De manière générale, la couverture santé dont profitent les salariés japonais est beaucoup plus large que celle qui est appliquée en France.
Agir Mag. : Et concernant le suivi médical des salariés ?
T.K : Si l'on considère, par exemple, le bilan de santé annuel, il s'agit d'un examen complet intégrant notamment des examens gastriques, car on avait noté au Japon un nombre élevé de cancers de l'estomac, et que l'on a cherché à les dépister même si cela était sans lien direct avec les conditions de travail. Les salariés japonais profitent également d'un bilan sanguin et urinaire et d'un électrocardiogramme effectué chaque année. Tout cela étant pris en charge par l'entreprise.
Agir Mag. : La santé au travail est-elle globalement une préoccupation importante ?
T. K : Oui, et je pense que la longévité record des japonais s'explique en partie par cette préoccupation de la santé au travail, en lien avec la structure traditionnellement paternaliste des entreprises japonaises. Auparavant, l'entreprise nipponne donnait un emploi à vie à ses salariés, et accordait une grande attention à leurs conditions de travail. La société s'occupait de tout : santé, loisirs, etc. Cela est bien sûr en train de changer assez sensiblement depuis une dizaine d'années, suite à la mondialisation de l'économie et aux délocalisations qui s'en suivent. Par conséquent, ce système de « garantie à vie » tend à disparaître dans les petites entreprises, mais il est encore en vigueur dans les grandes sociétés.
Agir Mag. : Le mode de management fait-il débat ?
T.K : On touche là à une dimension culturelle du pays. Depuis la petite enfance, on apprend au Japon à s'occuper de soi-même, à se débrouiller par soi-même. La question ne se pose donc pas de manière globale. Ce qui explique parfois que les absences pour cause de maladies soient mal vécues dans le milieu de l'entreprise. Pour autant, on s'interroge sur les effets des conditions de travail, et notamment le stress, pour certaines catégories de salariés dont les cadres…
La rédaction d'Agir-mag.com
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