Une attention au quotidien

Ce spécialiste des matériaux de construction sollicite ses salariés pour repérer et analyser les risques.

Filiale du groupe mexicain spécialisé dans le ciment, le béton et les granulats, Cemex France a bâti, en 2006, un vaste plan de réduction des accidents du travail. Il s’applique aujourd’hui à l’ensemble des sites et implique managers comme salariés.

Interview
Stéphanie Godicheau, Directrice santé-sécurité
Cemex France

« Réfléchir aux risques, en amont »

Agir Mag : Sur quels principes avez-vous construit votre plan de réduction des accidents ?
Stéphanie Godicheau : Le message que nous souhaitons faire passer, notamment via les formations que nous proposons, est le suivant : chacun peut agir au quotidien pour sa santé et celle de ses collègues, soit en adoptant les bonnes pratiques, soit en faisant remonter les problèmes auprès des managers, qui servent véritablement de relais. Enfin, nous insistons sur l’importance de réfléchir en amont aux difficultés. Ainsi, on anticipe les risques, qu’on n’a ensuite plus à traiter au jour le jour, dans son travail. Un vrai gain d’énergie.

Agir Mag : Comment renforcer le rôle du management en termes de sécurité ?
S.G : C’est sur ce point que s’est concentrée la phase initiale de notre plan, avant qu’il soit étendu aux salariés. Nous avons mené de nombreuses formations autour du management de la sécurité, destinées à tous les niveaux d’encadrement et construites sur deux jours. Cette première étape d’implication du management nous a permis de réduire de 84 % le nombre d’accidents avec arrêt sur nos sites.

Agir Mag : Comment se décline ce plan sur le terrain ?
S.G : Les managers de terrain ont un rôle essentiel à jouer. Nous les sollicitons dès que nous travaillons sur un projet de prévention. Par ailleurs, même si de nombreuses thématiques sécurité sont traitées à l’échelle nationale, chaque site a la liberté de réaliser les animations ou projets qui répondent à leurs problématiques propres. Exemple : suite à un accident sur une meuleuse, un site a fait intervenir le fabricant de la machine afin qu’il vienne présenter son équipement aux salariés. Notre rôle est ensuite de relayer ces bonnes pratiques.

Agir Mag : Quels outils avez-vous mis en place pour renforcer l’attention des salariés ?
S.G : Nous avons créé un système informatisé de déclaration des situations dangereuses. Son objectif : accompagner l’attention portée par chacun à la sécurité, mais aussi enclencher des plans d’amélioration. Via ce système, un salarié peut par exemple renseigner un problème simple, tel qu’un trou dans le sol, mais aussi pointer un dysfonctionnement plus complexe, relatif par exemple à la circulation sur le site. Cet outil a été pensé dans un souci de transparence. Tout le monde y a accès, et peut suivre le plan d’action proposé en réponse à chaque déclaration de situation. Aujourd’hui, 3,5 situations sont déclarées par salarié et par an.