Les tendinites du membre supérieur

Deux tiers environ des travailleurs de l’Union européenne déclarent exécuter des mouvements répétitifs de la main et du bras et un quart déclarent être exposés à des vibrations émises par des outils. Il s’agit dans les deux cas d’importants facteurs de risque de troubles de la nuque et des membres supérieurs d’origine professionnelle. Ces troubles représentent plus de 45 % de toutes les maladies professionnelles (Source OSHA).

Interview
Dr Agop Kerkiacharian
Médecin du Travail
Agrégé des CHU de France

« Dépister ces pathologies avant qu’elles ne s’aggravent »

Agir Mag : Une tendinite, c’est quoi ?
Agop Kerkiacharian : On donne le nom de « tendinite » à l’inflammation d’un tendon liée à une hyperactivité musculaire ou à des efforts inadéquats par rapport à ses possibilités. Elle se manifeste par des phénomènes douloureux qui peuvent engendrer une invalidité fonctionnelle généralement articulaire d’une durée variable.

Agir Mag : Quelles sont les conséquences possibles ?
A.K : Une tendinite peut régresser complètement à l’occasion notamment d’une mise au repos ou adaptation de la fonction exercée. Elle peut laisser des séquelles cicatricielles à type de calcifications, comme on en voit le plus souvent au niveau de l’épaule ; ou déboucher sur une rupture partielle ou totale du tendon par atrophie liée à des problèmes circulatoires et une infiltration graisseuse associée.

Agir Mag : Où sont-elles principalement localisées ?
A.K : On l’observe au niveau de l’épaule (tendon du sus-épineux, du sous-épineux ou du sous-scapulaire), notamment chez les manutentionnaires et les magasiniers, parfois associée à une lésion rhumatismale inflammatoire ou dégénérative. En cas de rupture tendineuse, une intervention chirurgicale est habituellement proposée. Au niveau du coude, il s’agit le plus souvent d’une atteinte des tendons insérés sur l’extrémité inférieure de l’humérus. Les tendinites du coude sont liées à la répétitivité des gestes, y compris mineurs. Un repos intermittent de la main dans la journée avec bon positionnement de l’avant bras est nécessaire. Au niveau du poignet, soulignons la « maladie de Quervain » (compression des tendons du pouce au niveau de l’extrémité inférieur du radius) qui nécessite une intervention chirurgicale bénigne de libération tendineuse avec généralement un résultat très satisfaisant.

Agir Mag : Quel est votre rôle ?
A.K : Le rôle du médecin du travail est de dépister ces pathologies avant qu’elles ne s’aggravent et de préconiser des mesures adéquates de prévention, ou d’orienter le salarié par l’entremise de son médecin référent au spécialiste, en vue d’un traitement médical, ou au chirurgien orthopédiste.