Dernière mise à jour le : 22/10/2024
Le secteur de la logistique présente une fréquence des accidents du travail plus de deux fois supérieure à la moyenne nationale. Les manutentions manuelles sont à l’origine de 50 % des accidents du travail, 75 % des cas d’inaptitude médicale et 100 % des maladies professionnelles reconnues (troubles musculosquelettiques).
Et les effets négatifs du développement des TMS (coût, absentéisme, turn-over, difficultés de recrutement, reclassement des victimes…) se font de plus en plus ressentir. Contrairement à certains de ses concurrents, l’entreprise de distribution Lidl a fait le choix de ne pas automatiser sa production et de se concentrer sur l’amélioration des conditions de travail de ses 5 200 opérateurs logistiques. Reportage.
« La Cramif nous apporte une expertise précieuse, explique Xavier Pierre. Elle nous aide à identifier les risques et nous propose les bonnes pratiques à adopter. Des rendez-vous réguliers permettent aux ingénieurs-conseils de la Caisse régionale de contrôler les actions mises en place dans les entrepôts et d’échanger avec les responsables de la sécurité des sites. Ce partenariat permet aussi des échanges et des retours d’expérience entre les différentes entreprises accompagnées ».
Agir Mag : Comment réduire les risques d’accidents sur vos plateformes ?
Xavier Pierre : Nous travaillons sur ce sujet depuis 2012. En 2017, nous avons signé avec la Cramif un premier engagement, assorti d’objectifs de progrès sur 3 ans. Sept situations dangereuses liées aux manutentions manuelles ont été identifiées et nous avons agi pour réduire les risques. Des modifications techniques ont été apportées, pour filmer mécaniquement les palettes par exemple.
Le management a également été impliqué. Résultat : les accidents du travail dans nos entrepôts ont été réduits de 20 % en trois ans. Depuis 2012, dans l’ensemble de l’entreprise, leur nombre a été divisé par deux. Nous avons décidé d’aller plus loin, toujours en partenariat avec la Cramif, et un nouvel engagement a été signé en 2020.
Agir Mag : Quels sont les axes de ce nouvel engagement ?
X.P : Nous accentuons la prévention des 7 situations dangereuses déjà identifiées, par exemple en réduisant peu à peu le poids des colis les plus lourds et en améliorant leur stabilité sur les palettes. Nous cherchons également à prévenir la survenue des accidents les plus graves, en analysant ceux qui se produisent pour mettre en place des mesures de protection. La Cramif nous a également conseillé de prévenir la désinsertion professionnelle, car elle observe une recrudescence des absences de longue durée dans le secteur logistique.
On sait que plus l’absence est longue, plus le retour au travail est difficile. Nous accompagnons donc nos salariés en arrêt de travail, en maintenant le contact avec eux, en leur demandant leurs attentes, afin de les aider à reprendre leur poste dans de bonnes conditions ou de leur proposer une reconversion professionnelle si besoin. Enfin, nous développons la « culture sécurité » et l’engagement managérial en terme de prévention. Sur chaque site, un responsable maintenance et sécurité relaie les messages et aide à appliquer les bonnes pratiques.
Agir Mag : Quels sont les enjeux de ce travail de prévention ?
Samir Bouzembrak : Le premier enjeu est humain. La fréquence des accidents est une plaie du secteur logistique, et nous avons à cœur de prendre soin de la santé de nos collaborateurs. Beaucoup d’entreprises ont opté pour l’automatisation des tâches. Nous estimons que les machines doivent aider les hommes, mais pas les remplacer. Nous devons donc optimiser les conditions de travail pour réduire les risques autant que possible.
Nous avons décidé de privilégier la polyvalence de nos salariés, en leur permettant de découvrir d’autres métiers au sein de nos entrepôts et de bénéficier du programme « passerelle » vers nos supermarchés. Cela leur permet non seulement d’interrompre quelques jours par mois les gestes dangereux dont la répétition provoque des troubles musculosquelettiques, mais aussi de progresser dans l’entreprise. Toutes ces actions nous permettent aussi de fidéliser nos salariés, et d’en attirer de nouveaux...
Dès le printemps 2020, 20 millions d’euros ont été investis pour protéger les salariés. Installation de panneaux en plexiglas, mise à disposition de masques et de gel hydroalcoolique, balisage au sol, blocage des portes des supermarchés lorsque la jauge est atteinte... Dans les entrepôts, une attention particulière est portée à la désinfection des engins. Les opérateurs prennent désormais leurs pauses par petits groupes, pour pouvoir respecter les mesures de distanciation physique, et les horaires d’embauche ont été étalés pour éviter l’affluence dans les vestiaires…
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