Dernière mise à jour le : 13/12/2024
On estime que près 60% de salariés souffriront d’un mal de dos au cours de leur carrière professionnelle ; c’est dire l’ampleur du phénomène ! Du coup, la préparation du retour à l’emploi devient un enjeu majeur.
Agir Mag. : En quoi consiste la prise en charge des personnes souffrant d’un mal de dos ?
Jean-Pierre Meyer : La prise en charge thérapeutique est du rôle du médecin traitant. Hors quelques précautions pour s'assurer que ce "mal de dos" est bénin, le médecin devra passer le message qu'il faut rester actif. Ceci est une règle qui fait l'unanimité de tous les consensus de soins. Ainsi apparaît l'importance de trouver rapidement une activité adaptée. Dans la vie de tous les jours et au travail si possible. En effet, rester actif, ce n'est pas revenir au travail à la même tâche que celle qui a créé ou participé à l'apparition de la lombalgie.
Agir Mag. : Pouvez-vous préciser cette nécessité de « bouger » ?
J-P.M : La colonne vertébrale est très solide. Les "lésions" touchent principalement les muscles et les tendons qui constituent un système très compliqué pour faire fonctionner la colonne. Pour guérir au mieux, la colonne doit bouger de façon adaptée c'est-à-dire "harmonieuse". L'immobilité est la pire des choses pour un système auquel on demande tant de choses : force, vitesse, précision… La colonne vertébrale travaille toujours. Un travail précis d'une main demande une posture fixe du tronc donc de la colonne. L'arrêter même 2 – 3 jours va altérer ses fonctionnements et compliquer la guérison. On ne reste pas actif pour guérir plus vite mais mieux. En conséquence, les rechutes vont être moins nombreuses et mieux gérées par le salarié lombalgique lui-même.
Agir Mag. : Que peut faire le chef d’entreprise pour accompagner le salarié ?
J-P.M : Le rôle du chef d'entreprise est fondamental. Il doit permettre au salarié lombalgique de revenir au travail le plus vite possible. Du moins, il doit montrer au salarié que l'entreprise a prévu de lui affecter un poste adapté pendant une période de transition. Dans l'institution prévention de la Sécurité sociale nous parlons de poste "cadre vert". Il s'agit de différents critères de conditions de travail qui rendent celles-ci acceptables même pour un lombalgique en cours de consolidation. Ces postes sont à bâtir par l'entreprise en accord avec les partenaires sociaux et avec l'aide de différents partenaires internes et externes (Chsct, Services techniques, Services de santé au travail, Services de prévention des Cram, Aract, Ergonomes…).
Par ailleurs, les médecins traitants doivent êtres informés que le patient lombalgique peut bénéficier d'une telle démarche dans son entreprise. C'est le médecin traitant qui, in fine, déterminera toujours la durée de l'arrêt. En effet, il est le seul à connaître la réalité clinique du lombalgique. Son confrère, le médecin du travail, est lui le mieux placé pour connaître la réalité du travail du lombalgique. Il pourra de plus confirmer l'existence d'une démarche de mise en place de postes adaptés "cadre vert" dans l'entreprise. Un contact entre ces deux médecins est nécessaire à une réintégration optimale du lombalgique. Celle-ci est, pour la majorité des soignants le critère majeur de guérison effective d'une lombalgie.
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