Dernière mise à jour le : 13/12/2024
Agir Mag. : Existe-t-il une conduite addictive plus directement liée à Internet ?
M.V : Il y a effectivement une catégorie d'addiction liée directement à Internet et aux nouvelles technologies de la communication, qui sont les pratiques des jeux en réseau. Elles concernent d'abord les jeunes et plus en plus les professionnels, avec en premier lieu ceux qui travaillent dans le milieu de l'informatique.
Agir Mag. : A partir de quand devient-on cyber-dépendant ?
M.V : Il faut être prudent dans les définitions. La grille d’évaluation élaborée par le psychiatre américain Ivan Goldberg peut être un bon outil pour mesurer cette dépendance. Mais attention, car il y a beaucoup de dramatisation sur le sujet et on peut trouver dans ce domaine des marchands de soins qui s'ajoute aux marchands d'Internet ! D'un point de vue clinique, une personne dépendante est celle qui veut elle-même mettre fin à sa conduite addictive, mais qui n'y parvient pas. En termes quantitatifs, la définition va dépendre du type de pratique. Par exemple, concernant les jeux, on peut estimer qu'au-delà de 35 heures par semaine, la pratique devient problématique.
Agir Mag. : Comment peut-on sortir de cette dépendance ?
M.V: Par la thérapie. C'est une problématique généralement beaucoup plus légère que la plupart des autres addictions. Cette forme de dépendance est plus réactive que celles liées à l'alcoolisme ou aux drogues, ce qui veut dire que le patient réagit mieux aux traitements proposés pour en sortir. Il suffit généralement de quelques semaines ou de quelques mois pour modifier son rapport à Internet.
Agir Mag. : Cette dépendance peut-elle être liée au contexte professionnel ?
M.V : Pour le moment, les deux grandes catégories de « cyber-dépendants » sont soit des jeunes de 15 à 25 ans, soit des personnes plus âgées exerçant en majorité dans le secteur de l'informatique, ou des gens qui utilisent couramment des ordinateurs et Internet dans le cadre de leur profession.
Agir Mag. : Est-ce que cette addiction peut déboucher sur des pathologies plus graves ?
M.V : Je ne pense pas que cette dépendance soit le signe du début d'une maladie psychiatrique, mais ce peut être par contre le masque d'un trouble profond.
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