Dernière mise à jour le : 13/12/2024
L’Institut Hygie, créé le 9 mai 2013 par un collectif de médecins et de managers d’entreprises, s’est donné pour objectif de favoriser l’employabilité et le maintien dans l’emploi des personnes atteintes de maladies chroniques. Après les résultats d’une enquête Harris Interactive menée en juin 2014 auprès de quelque 600 personnes souffrant de maladies articulaires et inflammatoires chroniques, l’Institut vient de publier une première étude sur la prise en charge des salariés atteint de ces nombreuses pathologies sur leur lieu de travail, et plus spécifiquement sur l’impact que celles-ci peuvent avoir en termes d’insertion professionnelle et de maintien dans l’emploi. En effet, en l’état actuel, mal considérées et insuffisamment prises en charge sur le lieu de travail, les maladies articulaires et inflammatoires chroniques constituent un handicap qui multiplie le risque de désinsertion professionnelle et de perte d’emploi et constitue un frein à l’employabilité. 64% des sondés ayant travaillé après avoir été diagnostiqués considèrent qu’il est plus difficile pour eux aujourd’hui de trouver un emploi que pour une personne n’ayant pas ce type de maladie…
Agir Mag : Qu’est-ce qu’une maladie dite « chronique » ?
Daniel Séréni : Si l’on retient la définition du HCSP (1), il s’agit d’affections d’une ancienneté minimale de 3 mois appelées à durer, qui retentissent sur la vie quotidienne (en limitant parfois les activités personnelles, sociales et professionnelles) et rendent dépendant de soins médicaux. On peut ainsi retenir la liste des 30 Affections Longue Durée (ALD 30) prises en charge à 100%. Dans leur définition la plus large, ces maladies concernent près de 20% des Français adultes qui souffrent de diabète, de maladies cardio-respiratoires ou respiratoires, d’insuffisance rénale chronique, de VIH ou hépatites, de cancers, mais aussi de maladies articulaires inflammatoires. Il est vrai que si l’on parle du diabète ou de l’hypertension artérielle, la plupart des malades, heureusement, n’ont pas de gènes fonctionnelles ni de soucis majeurs dans leur travail.
Agir Mag : Pourquoi avoir ciblé les maladies articulaires et inflammatoires chroniques ?
D.S. : Nous voulons combler l’absence de données relatives à l’impact de ces maladies qui regroupent de nombreuses pathologies, en particulier la polyarthrite rhumatoïde, la plus fréquente qui touche près de 300 000 personnes en France, dont les trois-quarts sont des femmes. Beaucoup de ces maladies touchent les articulations, donc gênent dans la vie courante, au bureau, dans les transports ou sur un poste de travail. De plus, ces maladies se développent souvent durant la vie active. Pour 77% des sondés, l’âge au moment du diagnostic se situe entre 20 et 55 ans. On comprend alors pourquoi, insuffisamment prises en charge, ces maladies peuvent exclure, favoriser la désinsertion professionnelle de personnes en pleine fleur de l’âge. D’ailleurs 39% des sondés en activité déclarent être absents à cause de leur maladie entre 1 mois et plus de 3 mois par an !
Agir Mag : Combien de personnes souffrent actuellement de ces maladies ?
D.S. : En France, le nombre de personnes atteintes de maladies articulaires et inflammatoires chroniques est aujourd’hui difficilement quantifiable, notamment à cause du grand nombre de pathologies qu’elles recouvrent (voir encadré). Cependant nous pouvons l’estimer entre 700 000 et 1 million. Un des objectifs que s’est fixé l’Institut Hygie sera d’ailleurs de mener à bien des études épidémiologiques permettant de mieux connaitre ces populations dont les symptômes ont des répercussions sur leur qualité de vie.
Agir Mag : Quel est l’état de lieux de la prise en charge de ces maladies sur le lieu de travail ?
D.S. : Environ 40 % des répondants ont le sentiment que les RH ou la Direction se sont montrés plutôt indifférentes à leur maladie lorsqu’elles en ont été informées. Les grandes entreprises sont beaucoup mieux équipées en termes d’organisation pour améliorer la prise en charge des salariés malades. On constate d’ailleurs que pour près de 79% des salariés, les mesures d’aménagement déployées ont amélioré leur quotidien au travail. Le fait que près de 60 % des salariés sondés travaillent dans des PME/TPE (dans un milieu intimiste où il est plus difficile d’évoquer ces maladies, et avec des organisations qui n’ont pas toujours les moyens, ni le temps de les aider) montre qu’il y a encore de grands besoins dans ce type d’entreprises.
(1) Haut conseil de la santé publique
Parmi les principales maladies articulaires et inflammatoires chroniques, on trouve la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante, le rhumatisme psoriasique, le lupus erythémateux disséminé, le syndrome de Gougerot-Sjögren, la maladie de Crohn, etc.
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