Les allergies professionnelles

Alors que les allergies saisonnières augmentent, les allergies dites professionnelles ne régressent pas encore même si elles sont aujourd'hui mieux détectées. Un travail de dépistage fondamental car une allergie professionnelle peut conduire à une inaptitude et un reclassement.

3 questions au Docteur André Rabaud

Médecin allergologue et médecin du travail

"Etablir un diagnostic précoce"

Agir Mag. : Qu'est-ce qu'une allergie dite professionnelle?
André Rabaud : C'est une allergie liée à son travail. Dans la reconnaissance d'une allergie professionnelle, on s'intéresse donc aux troubles qui se produisent lors du travail, et qui régressent quand on n'est plus exposé. Et il est fondamental de faire un diagnostic précoce, car après un certain temps le trouble peut devenir permanent, même si l'on n’est plus exposé au risque.

Agir Mag. : Quels sont les secteurs professionnels les plus concernés par ces allergies ?
André Rabaud : La boulangerie est l'un des premiers métiers touchés, parce qu'il y a beaucoup d'allergies liées à la farine. Les professions de santé sont également très concernées, avec les allergies au latex notamment, c'est-à-dire dues essentiellement aux gants en latex qui peuvent provoquer des troubles respiratoires ou cutanés. Les produits d'asepsie peuvent être aussi la cause d'allergies, tout comme certains médicaments. La coiffure est un secteur sensible, où l’on trouve des allergies cutanées et respiratoires assez répandues, comme dans l'industrie des matières plastiques et des résines. Les risques sont connus. On peut donc faire de la prévention, même si c'est parfois assez difficile car il est assez inconcevable de travailler dans la boulangerie en évitant tout contact avec la farine. Dans le secteur de la santé, on utilise de moins en moins de gants en latex poudrés car c'est cette poudre qui contient les allergènes. Et dans le secteur de la coiffure, on est bien obligé de constater que les mœurs n'évoluent guère. Pour les agents d’entretien, les problèmes seront plus de type irritatifs qu’allergiques.

Agir Mag. : Quelles peuvent être les conséquences d'une allergie professionnelle?
André Rabaud : Une allergie peut être très invalidante, jusqu'à entraîner une inaptitude professionnelle. Il faut donc parfois envisager une reconversion. Quand c'est possible bien évidemment, on aménage le poste de travail, mais comment un coiffeur peut-il travailler sans faire de shampooing ou de permanente ? Certes, les protections peuvent être suffisantes, mais encore faut-il que les employeurs prennent de conscience de cette nécessité.