Les maladies de l'amiante

L'amiante a longtemps été utilisée dans divers secteurs professionnels, car elle était jugée comme un produit très efficace pour ignifuger ou pour isoler. Elle était par exemple l'un des composants des ciments, plaques de plafonds isolants, systèmes électriques des transformateurs... Son utilisation était ainsi très répandue, jusqu'à son interdiction en 1997. Depuis, la principale question reste le dépistage des maladies liées l'exposition à l'amiante, particulièrement dans le cadre professionnel.

3 questions à :
Dr. Pascal Hauet, Radiologue - Clinique Turin

Agir Mag. : Quels sont les risques d'une exposition à l'amiante ?
Pascal Hauet : Il faut d'abord bien comprendre que ces risques dépendent de l'importance de l'exposition, et pas forcément de la durée de l'exposition.  Une personne exposée à l'amiante peut, par exemple, développer un cancer 30 à 40 ans après avoir l'exposition, même si le contact avec le produit n'a pas duré longtemps. Quelques semaines suffisent malheureusement, puisque les pathologies se développent après absorption des fibres d'amiante (des fibres microscopiques entrant dans les bronches), qui touchent ensuite les poumons ou la plèvre. Le cancer de la plèvre et les cancers bronchiques sont d'ailleurs spécifiques de l'amiante.

Agir Mag. : Quelle est la procédure à suive pour un dépistage efficace ?
P.H : La première chose, c'est de faire l'historique des postes de travail du salarié pour détecter une éventuelle exposition. Dans le cadre de la médecine du travail, on réalise des tests respiratoires pour surveiller la capacité vitale, et dans beaucoup d'entreprises aujourd'hui, on complète cet examen par une radiographie du thorax tous les deux ans. On peut aussi efficacement utiliser le scanner, avec un mode de fonctionnement à faible dose.

Agir Mag. : Quel est le rôle du médecin du travail ?
P.H : Il est fondamental. Au moment du départ en retraite, le médecin du travail doit notamment retracer l'historique des postes occupés par le salarié, et voir s'il n'y a pas des soupçons d'exposition à l'amiante. Pour cela, il faut bien évidemment connaître les spécificités des entreprises, leurs activités et les différents postes. Par exemple, si un salarié a travaillé il y a 30 ans sur des plaquettes de freins, il peut y avoir des soupçons d'exposition à l'amiante. Et le médecin du travail sera le plus qualifié pour un tel dépistage.