Dernière mise à jour le : 22/10/2024
Interview Express
Dr. Olfa Jouini, Médecin du travail - CMIE
Agir Mag. : Le secteur de l'esthétique est-il un secteur à risques ?
Olfa Jouini : Oui, et il y en a beaucoup. En premier lieu, ce sont toutes les contraintes de posture qui pèsent sur les activités effectuées dans le salon. Les salariées sont souvent penchées sur le client pour assurer les soins (modelage, pédicure, etc.), ce qui occasionne dans le temps des troubles du dos.
Agir Mag. : Comment se prémunir contre ce type de risques ?
O.J : Certains instituts utilisent un mobilier spécifique, comme par exemple des sièges amovibles dont le niveau peut être réglé pour que l'esthéticienne ne soit pas obligée de trop se pencher lors des soins. C'est un mobilier qui s'adapte à la morphologie de l'esthéticienne, et qui prend en compte les mouvements répétés. En matière de prévention, on pourrait évidemment conseiller des formations en gestes et postures pour apprendre à bien se positionner au cours des différentes tâches à effectuer.
Agir Mag. : Quels peuvent être les autres risques ?
O.J : Le problème des allergies est très fréquent dans les instituts de beauté, où sont utilisés toute une série de produits chimiques, dont les produits très classiques comme les vernis ou la cire, avec la présence éventuelle de colophane (un irritant et un allergisant pour la peau et les voies respiratoires).
Agir Mag. : Et par rapport à la clientèle ?
O.J : Le métier implique un rapport direct avec le corps, d'où l'éventualité de contact avec le sang, par exemple pendant un traitement de pédicure. Il y a donc, dans ce cas, un risque biologique. Les salariées sont également exposées au risque de transmission de mycoses quand elles s'occupent des pieds. Dans ce cas, la meilleure prévention est de mettre des gants, ce qui n'est pas toujours le cas.
Agir Mag. : Pourquoi cette réticence ?
O.J : Parce que les esthéticiennes ont l'impression qu'elles ne vont pas bien effectuer leurs tâches si jamais elles utilisent ces protections individuelles. Il peut également y avoir des réticences par rapport l'idée que l'on se fait de ce que pense la clientèle.
Agir Mag. : Certaines conditions augmentent-elles les risques?
O.J : Absolument, notamment quand l'institut dispose d'un hammam ou d’un sauna ; l’ambiance d'humidité chaude augmente les risques de mycoses et peut aussi provoquer des troubles respiratoires. Surtout, le manque d'hygiène de ces cabines peut entraîner un risque de légionellose.
La rédaction d'Agir-mag.com
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