Lutter contre les TMS avec de bonnes postures

Interview

Michel de Saint-Rapt, Président du Comité National de Prévention en Kinésithérapie (CNPK)

Agir Mag : Comment définir une bonne ou une mauvaise posture?
Michel de Saint-Rapt : Le geste ou la posture sont "bons" s'ils sont adaptés d'une part à un individu, d'autre part à une tâche, mais aussi par rapport à un environnement particulier. Au-delà de cette définition, on peut ajouter que toute posture aura des effets néfastes si elle dure trop longtemps.

Agir Mag : Quels sont les conséquences d'une mauvaise posture ?
M.S-R : Dans un premier temps, ce sont des conséquences “ tolérables ” par l'individu, comme par exemple la fatigue musculaire, l'engourdissement, les douleurs ; avant l'apparition des troubles au niveau du système musculo-squelettique (TMS). Dans un second temps, les effets d'une mauvaise posture se mesurent en termes d'absentéisme.

Agir Mag : Quels sont les gestes à éviter ?
M.S-R : Ce sont les gestes qui sont faits “ à moitié ”. C'est-à-dire des gestes qui ne mobilisent pas une motivation entière et qui vont entraîner des postures en porte-à-faux, en déséquilibre. Cette attitude s'explique généralement par une perte de sens du geste, l'absence de toute créativité et de toute personnalisation, un travail où le sujet devient machine. Une perte de motivation qui se traduit par un manque de cohésion du corps du sujet lui-même et de cohérence entre ses gestes et les tâches à effectuer, avec à la clé des tensions, des compressions, donc des contraintes sur le corps. Ce que l'on vérifie d'autant plus lorsque le travail exige des gestes répétitifs. Par ailleurs, les gestes non coordonnés et les gestes violents sont également à éviter. Parfois, ce sont aussi des gestes qui s'inscrivent trop dans les "tendances fonctionnelles" d'un individu.
 
Agir Mag : Quels sont les principaux conseils retenir ?
M.S-R : D'abord des choses toutes simples, concernant notamment la prise de charges : il faut ainsi réduire les bras de levier, donc se rapprocher des charges, stabiliser les articulations… Il faut aussi veiller à éviter de maintenir une position prolongée. Mais aussi des choses plus difficiles comme anticiper la trajectoire de ses gestes pour s'installer dans la bonne posture. Enfin,  chercher à retrouver le plaisir du geste, ce qui n'est pas forcément évident quand on est dans le milieu du travail.