Les risques des pesticides

En partenariat avec l’Agence Française de Sécurité Sanitaire et de l’Environnement (AFSSET), la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et la Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Locales (CNRACL), le Réseau ANACT a organisé le 6 mai 2010 le colloque « Quels risques professionnels liés à l’application des pesticides ? Peut-on travailler sans s’exposer ? »

3 questions à Jack Bernon
Responsable du Département Santé Travail
ANACT

"La pédagogie est indispensable"

Agir Mag : Quel est l’état des lieux du risque « pesticide » en France ?

Jack Bernon : Il y a plusieurs  façons de répondre : par exemple, en termes de nombre de personnes exposées ou de nombre d’intoxications aigües ou chroniques connues (déclarées) ou encore de nombre de maladies professionnelles reconnues et en termes qualitatif. Sous cet angle on peut se demander si la sensibilisation et les connaissances sur le risque ont progressé et si la prévention est véritablement en marche. La réponse est oui : ce colloque en est la démonstration !

Agir Mag : Quels sont les axes de prévention prioritaires ?

J.B : La prévention des risques est complexe car elle doit à la fois combiner des analyses du travail pour comprendre les niveaux d’exposition des applicateurs aux produits, mettre en lien (en même temps et durablement) les actions indispensables pour les protéger et mobiliser simultanément tous les acteurs concernés par les pesticides.

Concrètement cela suppose dans chaque exploitation, entreprise ou collectivité qui a recours à l’utilisation de pesticides, d’organiser le travail en prenant en compte les risques. Par exemple, limiter le temps d’exposition, répartir le travail différemment, faciliter les opérations de nettoyage, évaluer la charge de travail et choisir les produits sur le critère santé (les moins toxiques) plutôt que sur le critère prix, etc. Il s’agit aussi de mettre à disposition du matériel étanche à la contamination (cabine hermétique, combinaisons efficaces, gants adaptés…).

Agir Mag : Comment bien utiliser les équipements de protection individuelle ?

J.B : Par définition la protection individuelle touche le corps et cette intrusion dans la sphère de l’intime provoque toujours des réactions. Il faut donc expliquer, tester, adapter à chaque individu, comprendre les réticences, permettre les essais et les apprentissages. La pédagogie est indispensable. Du point de vue technique, le travail réalisé par l’AFSSET sur les combinaisons montre que les déclarations d’efficacité à la perméation de certains fabricants s’avéraient trompeuses. Les combinaisons non fiables ont donc été retirées du marché. Sur les masques, le temps de claquage des cartouches (temps au bout duquel la cartouche est saturée) n’est pas encore repéré. Il serait temps qu’une information claire puisse être donnée par les fabricants : l’employeur qui investit dans la sécurité doit être rassuré par les équipements.