Dernière mise à jour le : 13/12/2024
Agir Mag. : Quelle est l’originalité de votre démarche de prévention des addictions ?
Nicolas Le Callonnec : Nous avons fait appel à un ancien toxicomane qui est venu témoigner de son expérience en tant que ex-consommateur de toutes sortes drogues. Nous avons visé deux types de risques : l'alcool et le cannabis. Son intervention était un gage de crédibilité puisqu'il a vécu un parcours assez chaotique. Il pouvait transmettre un message très direct et sans tabou.
Agir Mag. : Comment se sont déroulées les rencontres ?
N.L-C : Il est intervenu auprès des salariés de la vingtaine d'agences répandues sur tout le littoral atlantique. L'idée était de regrouper nos salariés par petits groupes de 10 à 15 personnes et de leur présenter différents ateliers thématiques, pour différencier les addictions et bien faire passer le message. La première phase consistait à sensibiliser aux risques sanitaires et aux risques d’accidents sur les chantiers. Dans un second temps, nous avons approfondi la démarche pour responsabiliser davantage les salariés. Nous avons développé un outil pédagogique, le « Cannabis Verdict », sous la forme d’un livret rappelant les dangers de la consommation de drogues pour la santé intégrant un test urinaire. Ces tests ne peuvent être utilisés qu'à titre préventif et facultatif. Nous les remettons aux salariés et ils gardent une liberté totale de leur usage, pour eux-mêmes ou pour leurs proches.
Agir Mag. : Quelle a été la réaction des salariés ?
N.L-C : Les retours ont été très intéressants, puisque dans l'ensemble ils ont apprécié de pouvoir « s'auto-tester ». Ils ont également pris conscience qu'il était possible de détecter la présence de cannabis dans les urines, que l'on soit consommateur actif ou passif. Cette démarche a par ailleurs clairement libéré la parole sur les questions d'alcool et de drogues ; des anciens consommateurs ont témoigné spontanément, et cela a représenté un atout supplémentaire pour la sensibilisation. De cette façon, on a aussi évoqué le « droit d'alerte », en faisant comprendre qu’on ne peut pas « faire l'autruche » si l’on connaît un collègue consommateur d'alcool ou de cannabis. Il est de sa responsabilité d'alerter sa hiérarchie pour ne pas risquer la non-assistance à personne en danger.
Agir Mag. : Avez-vous fait appel à votre Service de santé au travail ?
N.L-C : Nous avons informé les différents centres de notre action. Le Service de santé au travail est un partenaire dans ce genre de démarche car il dispose de professionnels spécialisés sur la prévention des addictions. Des préventeurs ont participé aux ateliers en collaboration avec notre intervenant.
Agir Mag. : Quel suivi envisagez-vous à cette démarche ?
N.L-C : Nous avons informé et sensibilisé environ 2 000 personnes. Nous souhaitons réaliser des visites de chantier avec notre intervenant extérieur afin de rappeler les risques et de donner l’occasion aux salariés de s’autotester. Nous continuerons donc nos efforts pour que, tous ensemble, nous prenions conscience de l’importance de se soucier de notre santé et de celles des autres dans l’objectif commun « d’aller plus loin »…
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