Dernière mise à jour le : 13/12/2024
La dynamique dont fait l’objet la fabrication additive (ou impression 3D) ces dernières années fait émerger de nouveaux risques professionnels. Outre les risques liés à la manutention, aux rayonnements optiques, à l’utilisation de matériel électrique, à l’incendie-explosion, la fabrication additive (ou impression 3D) peut exposer les opérateurs à des risques chimiques liés aux processus et aux matières premières mises en œuvre (métaux, polymères, céramiques…) ou sous-produits émis. Etat des lieux.
Agir Magazine : Quels sont les principes de la fabrication additive ?
François-Xavier Keller : La fabrication additive (ou impression 3D) consiste à fabriquer des pièces par addition de matière en couches successives. Initialement réservée au prototypage, cette technologie est maintenant utilisée à l’échelle industrielle aussi bien dans les TPE que dans les grands groupes. Elle se déploie dans de nombreux secteurs d’activité comme l’aéronautique, l’automobile, la médecine, l’électronique, la bijouterie, les sports et les loisirs.
Agir Magazine : La fabrication additive expose à des agents chimiques. Quels sont les risques ?
F-X. K : L’exposition des salariés aux matières premières utilisées par les procédés de fabrication additive (comme le nickel ou le cobalt, allergisants et cancérogènes, le cadmium responsable d’atteintes digestives, respiratoires, osseuses et cardio-vasculaires) ainsi qu’aux agents chimiques émis (acétone et Isopropranol irritants pour les yeux, oxydes de métaux allergisants, irritants pour les yeux, la peau et les voies respiratoires, etc.) peut être à l’origine d’effets variés sur la santé.
Ceux-ci dépendent notamment de la voie (contact cutané, inhalation), de l’intensité de l’exposition, des caractéristiques physico-chimiques des agents chimiques (nature chimique, taille des particules…) ainsi que de l’état de santé des salariés (sensibilisation à certains composés allergènes, femmes enceintes, pathologies respiratoires préexistantes…). La finesse des poudres utilisées peut aussi entraîner des atteintes de l’appareil respiratoire, cardiovasculaire et neurologique, de l’asthme, voire des effets cancérogènes. Enfin l’inflammabilité de la majorité des poudres (dans certaines conditions de température et de concentration) est aussi un danger à prendre en compte.
Agir Mag : Comment construire une prévention adaptée du risque chimique ?
F-X. K : L’identification des dangers liés aux différents produits nécessite de réaliser un inventaire des matières premières utilisées, des produits finis et des produits émis. Sinon la démarche de prévention du risque chimique s’applique en substituant, lorsque c’est technologiquement possible, aux produits les plus nocifs, des alternatives moins dangereuses, en travaillant en circuit fermé autant que possible sur l’ensemble des étapes (manipulation des poudres, fabrication, finition, nettoyage…), en captant les émissions à la source, en association avec un dispositif de filtration, dans les situations (pesée, finition des pièces, etc.) où le travail en circuit fermé n’est pas techniquement possible. Installer une ventilation générale, en complément des systèmes de captage localisés, permet de diluer les polluants résiduels et de fournir en air neuf les locaux. Enfin il est conseillé d’isoler les tâches polluantes du reste de l’activité et de les concentrer aux postes de travail ventilés notamment et de mettre à disposition certains EPI : gants, appareils de protection respiratoire, vêtements de protection antistatiques étanches aux poudres, chaussures de sécurité antistatiques.
En termes de prévention médicale, certaines expositions à des agents chimiques CMR (certains composés métalliques) peuvent faire l’objet de recommandations spécifiques et justifier d’un suivi individuel renforcé (SIR).
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