Santé au travail : quelle place pour le bucco-dentaire ?

En entreprise il peut exister des risques bucco-dentaires...

Stress, troubles du sommeil, troubles musculo-squelettiques : et si les risques professionnels étaient aussi des risques bucco-dentaires ?

3 questions au Dr. Jacques Wemaere
Secrétaire général Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire (UFSBD)

Agir Mag : Quels sont les liens entre la santé bucco-dentaire, le stress et les TMS ?

Jacques Wemaere : Concernant le « stress », il s’agît d’un rapport entre la mâchoire supérieure et inférieure. En effet, lorsqu’on est stressé on a tendance à serrer les dents (et tout particulièrement la nuit) ! Pourquoi ? Parce que le serrage des dents crée une décompensation du stress. Par contre, ce mécanisme entraîne une usure progressive des dents du haut et du bas ainsi que des douleurs dentaires (par atteinte de la pulpe entre autres). Par rapport aux « TMS », il s’agît du lien entre la fermeture de la bouche et d’une chaîne qui part de l’articulation temporo-mandibulaire, qui passe par le dos, les jambes et les pieds. L’occlusion ou la malocclusion des dents peut créer des gènes de « posture », notamment en cas de problème dentaire (dents manquantes par exemple), et cela pourrait alors devenir un facteur aggravant des TMS.

Agir Mag : La prévention bucco-dentaire peut-elle réduire les risques professionnels ?

J.W : Des études montrent que les problèmes de bouche diminuent la vigilance et que la négligence des douleurs dentaires renforce l’automédication avec ses effets indésirables (somnolence, etc.). A ce titre, la cavité buccale et l’hygiène bucco-dentaire s’intègrent pleinement dans la réflexion sur la prévention des risques professionnels. Autre exemple, le chirurgien dentiste joue un rôle primordial dans l’identification des signes d’appel évocateurs d’un Syndrome des apnées obstructives du sommeil (SAOS). En matière de traitement, il intervient directement dans la pose de l’orthèse d’avancée mandibulaire : cet appareil étant l’un des traitements possibles du SAOS léger ou modéré. Or les troubles du sommeil sont un facteur de risque au poste de travail...

Agir Mag : Quel type de coopération pourrait s’établir avec les DRH et les services de santé au travail ?

J.W : Notre volonté est d’accentuer la sensibilisation et la prévention sur les lieux de travail. Nous concevons des programmes d’actions spécifiques à l’entreprise pour aller à la rencontre des salariés et leur famille et promouvoir l’éducation collective comme individuelle. Par ailleurs, notre volonté est également de développer des partenariats avec les médecins du travail pour mieux intégrer la santé bucco-dentaire dans la santé au travail…