Dernière mise à jour le : 22/10/2024
Qui dit nanotechnologies, dit nanoparticules, dont l'unité de mesure est le nanomètre (1 nm = 1 milliardième de mètre). Le passage de la matière à des dimensions nanométriques entraîne l'acquisition de propriétés inattendues, avec une suspicion de risques pour la santé...
Agir Mag. : Quels sont les principales applications des nanotechnologies ?
Myriam Ricaud : On les utilise pour les pneumatiques et les peintures (secteur automobile), pour la fabrication des ailes d'avions (aéronautique), ou encore pour les mémoires à haute densité (électronique). Mais aussi pour les traitements antibactérien, les tissus ultra-résistants, les vitres anti-salissures (chimie industrielle) ; la composition des crèmes solaires, du dentifrice et du rouge à lèvres (pharmacie, cosmétiques) ; on utilise les nanoparticules d'origine métalliques pour les IRM (imagerie à résonance magnétique) afin d'accentuer les contrastes (santé) ; et on les retrouve dans les cellules photovoltaïques (énergie)…
Agir Mag. : Existent-ils de nouveaux risques pour la santé ?
M.R : Nous n'avons pas de connaissances précises sur la toxicité des nanoparticules pour l'homme. Cependant, au regard d’études réalisées sur cellules ou chez l’animal, on les soupçonne d'être la cause d'effets inflammatoires. On a ainsi constaté que les nanotubes de carbone engendraient chez l'animal des granulomes pulmonaires, des fibroses, donc des pathologies au niveau des poumons, mais également au niveau cardiaque. En effet, contrairement aux autres poussières, les nanoparticules sont capables de franchir les barrières biologiques ; par conséquent, quand elles sont inhalées et qu'elles se déposent dans le poumon, elles peuvent passer au travers de la barrière pulmonaire, atteindre le sang et la lymphe, puis émigrer dans l'ensemble de l'organisme. C'est ce que l'on appelle le processus de «translocation ». Elles peuvent ainsi atteindre n'importe quelle partie de l'organisme et engendrer des pathologies diverses.
Agir Mag. : Quels sont les moyens de se protéger ?
M.R : En attendant l’avancée des études toxicologiques et jusqu'à ce qu'on sache mesurer l'exposition professionnelle, nous préconisons de mettre en œuvre ces mesures de précaution : confiner les moyens de production, produire en continu plutôt que par campagne pour limiter l'intervention des salariés, utiliser la substance sous une forme plus sûre, par exemple utiliser les nanoparticules en suspension dans un liquide plutôt qu'en poudre. Il s'agit également de mettre en place des dispositifs de ventilation, de filtration, voire de porter des équipements de protection individuelle (masques, combinaisons, gants). Sans oublier évidemment la formation et l'information des salariés.
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