Dernière mise à jour le : 22/10/2024
Parmi les arguments, on peut citer les pauses pour aller fumer, potentiellement génératrices de perturbations dans l'organisation, mais ce sont surtout les répercussions sanitaires qui sont les plus graves. Il faut être bien convaincu que la bonne santé des salariés participe de la performance globale de l'entreprise. Pour toutes ces raisons, il est important d'aider les fumeurs à se défaire de la cigarette…
Agir Mag. : Que peut faire l'entreprise pour aider les salariés fumeurs ?
Marie Mermberg : Tout le problème, c'est d'aider les salariés à ne pas souffrir du manque de nicotine pendant le temps de travail. Ce qui peut être en partie résolu par l'organisation de pauses, imposées ou laissées au libre discernement des salariés. L'entreprise peut aussi aider à faire prendre conscience au salarié de la nécessité d'arrêter la cigarette, par le biais du CHSCT qui sera sensibilisé au problème, ou au travers d’une implication efficace des dirigeants dans les petites entreprises, en présentant notamment le tabac tel qu'il est, c'est-à-dire une drogue ! Au-delà, il s'agit d’accompagner les fumeurs par des sessions d'information sur les possibilités d'arrêter le tabac, en tout cas pour les salariés qui se sentent prêts. Pour les autres, on peut mettre en place des actions de sensibilisation sur le tabagisme, les dépendances physiques et comportementales, comme des conférences ou des séances interactives. L'entreprise peut enfin proposer des moyens de s'abstenir de fumer à travers par exemple la mise à disposition de gommes à mâcher…
Agir Mag. : Quelle est le rôle du médecin du travail ?
M.M : Il est très important ! D'autant que l'on peut faire ce qu'on appelle le « conseil minimal » dans une séance de santé au travail d'une quinzaine de minutes, à travers deux questions très simples : est-ce que vous fumez ? Est-ce que vous envisagez un jour d'arrêter de fumer ? Ce « conseil minimal » permet déjà de favoriser l'arrêt du tabac. On peut aussi aller un petit peu plus loin et poursuivre l'entretien jusqu'à savoir ce que le fumeur n'aime pas dans le fait de fumer, et de comparer les raisons qui l'inciteraient arrêter ou continuer le tabac. Il s'agit aussi de voir jusqu'à quel point le fumeur peut avoir confiance dans sa capacité d'arrêter de fumer à ce stade, et d'examiner la démarche pouvant être mise en place pour soutenir sa motivation à arrêter.
Agir Mag. : Quels sont les leviers d’action pour l'entreprise ?
M.M : Il s'agit d'abord de faire vraiment respecter l'interdiction totale de fumer sur le lieu de travail à travers des arguments juridiques, des arguments de sécurité, notamment pour l'incendie, des arguments économiques aussi par rapport au surcoût financier du fumeur. Ensuite, il s'agit surtout d'accompagner le salariés, continuant à fumer en dehors de l'entreprise, à leur faire prendre conscience des méfaits du tabac et de faire naître le désir d’arrêter de fumer. Il est important de rappeler que les consignes émises par la direction de l'entreprise ne suffisent malheureusement pas, et que tout dépend du désir et de la motivation du fumeur, aidé par un professionnel.
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