Dernière mise à jour le : 13/12/2024
« En faisant de la prévention, donc du repérage précoce, nous évitons que des personnes basculent dans une totale dépendance, où ils ne pourront plus être pris en charge que par des centres de soins », explique Philippe Michaud. Ce médecin, spécialisé dans l'addictologie au Centre Magellan de Gennevilliers, est aussi coordinateur du programme « BMCM ».
Avec une démarche originale aborder le rapport à l'alcool : « nous ne parlons pas de lutte contre l'alcoolisme, explique le Dr Michaud, car nous ne nous intéressons pas seulement à ceux qui sont dépendants, mais plus généralement à ceux qui ont une consommation d'alcool pouvant impliquer un risque pour la santé ; on parle donc de « risque alcool » en nous intéressant aux formes non dépendantes liées à sa consommation.
Les médecins du travail sont particulièrement bien placés pour détecter une addiction chez des salariés dont la tendance est de cacher un problème d'alcool à leur employeur, par crainte du licenciement. D'après l'étude réalisée en 2006 par l'Institut National de Prévention et d’Education à la Santé, 8 à 10% des salariés ont une consommation dangereuse d'alcool.
Comment communiquer avec eux pour les sensibiliser et éviter que cette « consommation à risque » ne se transforme en alcoolisme ? « En travaillant avec des tests élaborés pour révéler un rapport périlleux à l'alcool », répond le Dr. Michaud. Le premier de ces outils est baptisé AUDIT(1), et le second, créé par les équipes de Philippe Michaud, est le questionnaire FATE.
« C'est une version raccourcie de l'AUDIT, destinée à être utilisée en face à face avec la personne concernée », précise le médecin. Le premier test peut être effectué dans la salle d'attente et le second au cours de l'entretien médical. Quand une consommation d'alcool dangereuse est détectée, il s'agit ensuite de mettre en œuvre la réponse adaptée, en fonction du risque diagnostiqué.
Trois niveaux d'alerte sont définis par le programme « BMCM » : un risque nul ou faible, un risque élevé (3 verres/jour en moyenne pour les hommes et 2 verres/jour en moyenne pour les femmes), et enfin un niveau de consommation avec dépendance. « Pour le deuxième niveau, une simple intervention pour discuter avec la personne, l'interroger et la conseiller sur l'intérêt de se modérer aboutit à une diminution automatique de la consommation d'alcool dans un tiers des cas », note Philippe Michaud.
Les personnes qui entrent dans la troisième catégorie doivent être orientées vers un médecin spécialiste et un centre d’alcoologie.
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