Dernière mise à jour le : 13/12/2024
En plus des problèmes de santé, le stress est un véritable fléau social et économique, qui provoque des dommages pour l’entreprise (absentéisme, accidents du travail, etc.) et coûte très cher à la collectivité.
Agir Mag. : Tout le monde en parle, beaucoup s’en plaignent… le stress c’est quoi ?
Philippe Rodet. : Le stress est une fonction physiologique de l’organisme qui nous permet de réagir à une agression.
Agir Mag. : « Bon et mauvais cholestérol » font partie du quotidien, peut-on aussi distinguer « bon et mauvais stress » ?
P.R. : On ne peut parler de « bon stress » que lorsqu’il est isolé, quand le nombre de sources de stress est très faible et quand il existe une activité physique associée. Une étude canadienne a montré que notre organisme pouvait résister à un nombre limité de sources de stress (5 à 7 par semaine), alors que nous en subissons, de nos jours, en moyenne 50 par jour ! Le « bon stress » est devenu rare car il est noyé dans une multitude d’agressions.
Agir Mag. : Sommes-nous tous égaux face au stress ?
P.R. : Non, en fonction de notre personnalité, nous n’allons pas réagir de la même manière. Le stress est en général plus toxique pour les personnalités introverties et sensibles. Il serait plus nocif chez les hommes que chez les femmes.
Agir Mag. : Doit-on combattre le stress ou s’efforcer de le canaliser ?
P.R. : Le plus puissant traitement du stress est le plaisir. Le plaisir augmente le taux d’hormones de croissance (action bénéfique sur l’immunité) et celui d’endorphines (action bénéfique sur le bien-être). Dès que l’on va provoquer du plaisir, sous quelque forme que ce soit, y compris au sein d’une entreprise, on va protéger les personnes de la toxicité du stress.
Agir Mag. : Au-delà de la gestion individuelle du stress, une approche collective vous semble-t-elle nécessaire ?
P.R. : L’approche collective est primordiale avec comme terrain d’action, l’entreprise. Les approches individuelles seront insuffisantes tant que le nombre de personnes concernées sera si élevé, mais elles viendront en complément pour aider les personnes qui sont en souffrance
Agir Mag. : Au niveau de la santé des salariés, une différence a-t-elle été observée entre les entreprises qui prennent en compte le stress et celles qui ne font rien ?
P.R. : Il est encore trop tôt pour le mesurer. Une étude canadienne a montré que le fait d’encourager ses collaborateurs permet de diminuer le risque de survenue de troubles psychiques de 33% chez les hommes et 42% chez les femmes. Certaines entreprises développent une vraie stratégie d’action pour favoriser le bien-être au travail. Parfois un « Monsieur bien-être » est nommé et joue sur plusieurs leviers, comme la qualité de l’espace de travail, les relations entre les personnes, l’aménagement des horaires de travail ou l’amélioration du management…
Agir Mag. : L’exigence de performance est-elle compatible avec le plaisir au travail ?
P.R. : L’entreprise de demain alliera bien-être et performance. Les études montrent l’impact positif d’une diminution du stress sur l’efficience intellectuelle des employés. Un réel effort doit être fait au niveau du management pour que les salariés aient du plaisir à travailler. L’amélioration du bien-être a un coût initial, mais il est largement récupéré par l’entreprise au niveau de ses performances.
* « Le stress, nouvelles voies », Docteur Philippe Rodet, Editions du Fallois, 2007
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