Dernière mise à jour le : 13/12/2024
Les nouvelles technologies numériques permettent à de nombreux salariés d'exercer leur activité en dehors de l’entreprise, depuis leur domicile ou de manière nomade. En mars 2012 on ne recense en France qu’une cinquantaine d’accords d’entreprise sur le télétravail conclus. En donnant la parole à quelques 350 salarié(e)s qui travaillent à distance au moins un jour par semaine, une enquête Obergo a cherché à mettre en avant les effets réels du télétravail…
Agir Mag : Qu’est ce qui contribue majoritairement au bien-être du télétravailleur ?
Yves Lasfargue : C’est d’abord un sentiment de liberté dans la gestion de son temps de travail, mais aussi cette impression de « mieux travailler», d’être plus productif en pouvant rester concentré sur une tâche sans être interrompu par les collègues ou la hiérarchie. Il y a enfin la diminution de la fatigue et/ou du stress liés au transport même si beaucoup travaillent durant ces heures « gagnées » sur les trajets domicile-bureau.
Agir Mag : Quelles sont les contraintes et les « moins » du télétravail ?
Y. L. : Le fait de ne pas être « vu » par ses collègues et sa hiérarchie et d’être jugé sur ses seuls résultats rend la charge de travail difficilement quantifiable, parfois trop importante. Le télétravailleur lui-même peut avoir tendance à en faire plus car il se sent marginal ou culpabilisé par les autres. Le problème du lien social se pose surtout pour les rares télétravailleurs à temps complet. Ceux qui télétravaillent à temps partiel disent avoir autant de contacts avec les autres en 3 jours qu’en 5 jours, ce qui montre le bien-fondé de cette formule.
Agir Mag : Quelles sont les principales conditions pour réussir le télétravail ?
Y. L. : Il faut aimer travailler seul, et le « salarié lambda » n’est pas souvent préparé à gérer son propre planning, à « fonctionner » comme un auto-entrepreneur ou une profession libérale, loin du collectif de travail. Il faut aussi que sa famille (conjoint, enfants…) l’accepte et que le logement soit compatible pour travailler à distance, avec un espace de travail dédié et bien isolé, des équipements réseau pour communiquer, etc.
L’entreprise doit être pleinement convaincue que l’amélioration de la qualité de vie au travail et hors travail des salariés est une source d’augmentation de la productivité. Un frein culturel pousse les dirigeants et le middle management à croire qu’un salarié qui n’est pas physiquement présent dans l’entreprise ne s’y investit pas autant. Le télétravail crée un nouveau rapport au travail, donc un nouveau modèle managérial basé sur la confiance et l’autonomie.
(*) Observatoire du télétravail, des conditions de travail et de l’ergostressie.
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