Dernière mise à jour le : 22/10/2024
Imaginons un joueur de tennis professionnel, s’activant pendant trois heures sur un court… On se doute que l’effort physique qu’il a à fournir est intense, et qu’il ne peut réaliser cette performance sans accompagnement et préparation rigoureuse.
Prenons maintenant un peintre travaillant dans un atelier industriel. Lui s’active et reste debout pendant huit heures, équipé de chaussures de protection, d’un masque, d’un pistolet à peinture… Bref, soumis à une charge bien plus lourde qu’une raquette de tennis. Mais il ne bénéficie généralement d’aucun entraînement ou accompagnement.
Pourtant, il sollicite son corps autant, voire plus, que ce sportif de haut niveau. Cette image éloquente est chère à Jérôme Rebière-Desveaux, Responsable des ressources humaines pour l’entreprise Aircelle (fabricant de nacelles pour les moteurs d'avions appartenant au groupe Safran) à Toulouse. Elle est à la base du programme 3P (pour Préparation Physique avant et après la Prise du poste) que l’usine mène depuis avril 2014.
Des séances sur le temps de travail
Tout commence en 2013. « Un doctorant est venu me voir car il souhaitait travailler sur le lien entre sport et entreprise et recherchait un site pour mener ses recherches », résume Jérôme Rebière-Desveaux, qui voit dans cette demande une opportunité d’améliorer la santé des équipes, et de les sensibiliser à l’importance de prendre soin de cet outil de travail qu’est leur corps.
En avril 2014, le programme est lancé sur le site de Colomiers (près de Toulouse) auprès d’une vingtaine de volontaires, tous peintres. Il s’articule autour de deux moments, inclus dans le temps de travail : une séance de renforcement musculaire menée en début de journée, puis une séquence d’étirement juste avant de quitter son poste.
Mais pas que. « Nous avons fait le choix de mener une approche globale, insiste le responsable RH. L’idée n’était pas de faire du sport au travail un simple divertissement, mais bien un levier en faveur de la santé. »
Le programme 3P inclut aussi un rendez-vous avec un podologue deux fois par an et une séance d’ostéopathie tous les trois mois. Et tous les exercices proposés aux participants ont été spécialement conçus par le chercheur, qui a observé les postes et leurs spécificités pour penser un programme sur mesure.
Puis il a pris en charge l’animation de chaque séance, et il est aujourd’hui relayé par des stagiaires, étudiants en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps).
A l’écoute de soi…
Les résultats sont là : au total, sur l’ensemble des salariés, 187 jours de présence ont été gagnés sur l’année – soit une réduction de 50 % de l’absentéisme au sein de l’équipe de peintres.
Les bienfaits du projet se ressentent aussi sur la cohésion du groupe et l’ambiance de travail. « Le temps consacré au sport permet de faire retomber les tensions qui peuvent exister au sein de l’équipe, relève Jérôme Rebière-Desveaux. Les salariés sont également plus à l’écoute de leur propre corps. »
Depuis 2015, le projet 3P a été étendu à deux autres équipes au sein du site : l’une de peintres également, l’autre de mécaniciens.
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