Dernière mise à jour le : 22/10/2024
Agir Mag : La reconnaissance au travail diminue-t-elle l’apparition du stress ?
Patrick Légeron : Le stress est le « produit » du déséquilibre entre l’effort que fait l’individu pour répondre aux demandes de son environnement et le sentiment d’être payé en retour. En ce sens, la reconnaissance et le stress sont véritablement imbriqués. Dès lors, il s’agit de comprendre les formes de cette « récompense » sur l’angle de ce que vous obtenez en retour et les conséquences de l’absence de récompense... Ce peut être une récompense matérielle (financière, etc.), sociale (individuelle, « existentielle ») et/ou symbolique (le sens donné à ce qui est fait).
Agir Mag : La « pénibilité psychologique », au sens large du terme, s’explique donc en grande partie par l’absence de valorisation ?
P.L : Sur la base du résultat lié à l’absence de reconnaissance, un benchmarking des pays européens montre que la France est mal placée face à ce stresseur… Comment l’expliquer ? Nous n’avons pas chez nous une culture du positif ; on se focalise sur ce qui ne va pas et non sur ce qui va bien. Nous avons une tendance culturelle au négatif ! Globalement, les managers français sont issus des Grandes écoles, le management est donc acté par des « ingénieurs » qui ont appris à fonctionner sur la stratégie et non avec l’humain. Mais le fait est que dans l’entreprise on ne gère pas uniquement de la stratégie, on « gère » avant tout des hommes !
Agir Mag : Quels liens directs établissez-vous entre le « capital confiance » d’un salarié et le mode de management ?
P.L : On peut situer l’évolution des modes de management en trois phases : les premiers managers étaient des techniciens, des « super spécialistes » ; puis ce fut l’avènement du « management participatif » basé sur la communication et la délégation ; nous sommes désormais devant un véritable enjeu managérial : former des managers « gestionnaires des émotions ». Le stress professionnel c’est aussi des réactions émotionnelles (la peur, la colère, l’anxiété, la résignation, etc.) ; ce sont à la fois des émotions naturelles et « toxiques » pour le travail. En même temps, nous restons clivés dans notre pays dans le déni des émotions, et dire que les hommes ont des états d’âmes deviendrait presque un scoop ! Les modes de management doivent introduire l’intelligence émotionnelle.
Agir Mag : Votre philosophie de la reconnaissance dans l’entreprise ?
P.L : Il est temps de remettre l’homme au centre des préoccupations de l’organisation et de l’entreprise…
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