Accompagner humainement le changement

Souvent vécu comme un élément déstabilisant, le changement permet à l’entreprise de s’adapter aux évolutions de son environnement. Il peut être global ou partiel, lent ou rapide, marginal ou majeur. Dans tous les cas, il impacte les modes de fonctionnement de l'entreprise, le travail et la santé des personnes. C'est pourquoi le cabinet indépendant Empreinte Humaine a décidé de réaliser de manière périodique un baromètre sur l’accompagnement humain des changements. Un « critère » souvent négligé au dépend des facteurs techniques et organisationnels...

3 questions à :
Christophe Nguyen, Gérant-Consultant associé
Empreinte Humaine

" Des moyens insuffisants ou mal adaptés"

AGIR Mag : Quelle perception les salariés ont-ils du changement dans leur entreprise ?
Christophe Nguyen : Le changement est devenu constant. La quasi-totalité des personnes interrogées (93 %) déclarent en effet avoir connu au moins un changement dans leur entreprise au cours des trois dernières années.

Les salariés ne s'y opposent pas puisque respectivement 71 % et 78 % des répondants jugent que le changement a du sens et est nécessaire. Cependant 63 % estiment que ces évolutions interviennent trop fréquemment.

De plus la notion de changement et les sujets qui y sont liés restent assez flous dans les esprits. A peine plus d’un sur deux (57 %) déclare comprendre ce qu’elle sous-entend et 43 % seulement ont une idée précise du sujet de l’accompagnement humain du changement.

AGIR Mag : Le jugent-ils bénéfique à un niveau personnel ?
C. N. : Dans l’esprit des salariés interrogés, le changement profite davantage à l’entreprise en tant que structure qu’à eux-mêmes. Environ 53 % estiment que l’évolution a été positive pour l’activité de l’entreprise et qu’elle a permis d’améliorer sa performance.

Ils sont dans le même temps peu nombreux (seulement 27%) à juger le changement bénéfique à un niveau personnel.

Au contraire, 43 % considèrent que le changement a un effet négatif et 20 % ne lui associent aucun effet. Ainsi ceux ayant vécu des réorganisations ou des réductions d'effectif se déclarent deux fois plus en mauvaise santé morale que les autres. Il y a donc un impact très clair d'un changement mal accompagné sur le bien-être des personnes.

AGIR Mag : Qu'est-ce qui explique cette perception pour le moins contrastée ?
C. N. : Au regard des salariés, il s'agit surtout d'un problème de méthode et d'accompagnement. Dans l'ensemble, les répondants considèrent insuffisants la formation des managers au changement (57%), la formation des salariés au changement (61%), le temps accordé pour intégrer le changement (61%) et l'existence de personnes dédiées pour expliquer le changement et aider ceux qui en avaient besoin (61%).