Dernière mise à jour le : 22/10/2024
Agir Mag. : Peut-on mesurer la convivialité ?
Philippe Détrie : Oui, on peut la mesurer de trois façons. D'abord avec des indicateurs classiques de ressources humaines, c'est-à-dire le turnover, l'absentéisme ou encore le nombre de conflits, même si ces critères peuvent avoir d'autres causes que celle du manque de convivialité. Pour plus de certitude, on peut conduire une étude d'opinion interne auprès des collaborateurs en demandant directement s'ils jugent leur entreprise conviviale. Il y a enfin une autre façon de mesurer la convivialité avec un référentiel d'une vingtaine d'engagements auxquels peut répondre par exemple une équipe de direction.
Agir Mag. : Quels sont les enjeux pour l'entreprise ?
Ph.D : La vie au travail a des retombées au plan collectif et au plan individuel. Par conséquent, la dimension de convivialité dans l'entreprise, sans être forcément stratégique, a des répercussions sensibles à plusieurs niveaux. D'autant que les salariés sont de plus en plus « consommateurs » de leur travail, et ne veulent pas passer leur vie à appliquer des consignes auxquelles ils ne comprennent rien, ou d'avoir affaire à des responsables hiérarchiques ou des collègues irascibles. En ce sens, pour une entreprise qui veut valoriser ses ressources humaines dans le temps en fidélisant ses salariés, il est important de mettre en place les bases d’une convivialité partagée. Malheureusement, on a souvent la preuve par défaut de l'intérêt de la convivialité, c'est-à-dire quand on travaille dans un environnement où la convivialité est absente, où le stress et les conflits engendrent des pertes de temps, d'énergie, d'argent et d'enthousiasme.
Agir Mag : Qu'évoque pour vous la convivialité ?
Ph.D : « Aucun pouvoir, un peu de savoir, un peu de sagesse et le plus de saveur possible. »
Connaissez-vous plus belle philosophie de vie ? Ces mots de Roland Barthes ne me quittent plus depuis vingt-cinq ans. Pourquoi ne pas adopter au travail une ligne de conduite aussi pure et aussi lumineuse ? C'est notre cas à Inergie. Nous avons pu décider de travailler autrement. Avec de l'humour et de la saveur. Toujours sérieusement, mais sans nous prendre au sérieux. Notre différence vient du fait que nous la revendiquons et que nous essayons de la mettre en œuvre quotidiennement. Certains verront une douce utopie, une ambition naïve à chercher de la saveur au travail. La viabilité du projet : ce que nous appelons la « chaleur ajoutée » est tout à fait compatible avec la performance et la renforce même…
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