Salariés ET Aidants : une réalité méconnue
N°74 - Janvier / Février 2018
Aider, soulager, accompagner, assister… Les aidants familiaux ont tous en commun de s’occuper d’un proche malade, handicapé ou dépendant…
Un « aidant » est un individu qui accompagne de façon régulière une personne de son entourage en si-tuation de maladie, d’handicap ou de dépendance, et ce à titre non professionnel. La personne aidée peut-être un conjoint, un enfant, un membre de la famille ou un membre de l’entourage. La nécessité d’accompagnement concerne le plus souvent les personnes âgées dépendantes, les personnes en situation de handicap, les proches en fin de vie, les individus souffrant d’une maladie neurodégénérative (Alzheimer, Parkinson, etc.) ou d’une maladie chronique lourde.
En tant qu’aidant, le proche peut prendre une ou plusieurs tâches en charge, parmi lesquelles les soins, les démarches administratives, l’éducation, la surveillance, la coordination, les tâches domestiques du quotidien et le soutien moral. Contrairement aux idées reçues, l’aidant ne vit pas nécessairement avec la personne aidée. Dans ce cas, son accompagnement comprend un certain nombre de déplacements plus ou moins contraignants qui s’ajoutent aux éventuels déplacements professionnels. Fatigue, difficulté à se concentrer, perte de motivation, absentéisme…
Parmi eux, nombreux sont ceux qui doivent jongler entre une activité profes-sionnelle à plein temps et leurs responsabilités d’aidants. « Peu informées, les entreprises sont nombreuses à ne pas avoir conscience de cette réalité. Seules 31% des entreprises interrogées dans le cadre de l’étude du comptoir mm de la nouvelle entreprise se disent en mesure d’estimer le nombre de sala-riés aidants au sein de leurs équipes », déclare Pascal Andrieux, Directeur des engagements sociaux et sociétaux de Malakoff Médéric. Pilotée par le comptoir MM et réalisée en partenariat avec la fondation Médéric Alzheimer, l’étude « Agir pour les salariés aidants » expose au grand jour l’enjeu d’une problé-matique qui concerne pourtant 18% des salariés du secteur privé...
Un impact direct sur la vie de l’entreprise
« Les entreprises actives en matière d’accompagnement des salariés aidants ont noté que cette situation avait une influence directe sur le quotidien professionnel. Dans 59% des cas, des situations d’absentéisme ont été notées, mais aussi une perte de productivité et des difficultés pour organiser son travail et se motiver. » précise Pascal Andrieux Les répercussions économiques prouvent que la mise en place de solutions d’accompagnement est un véritable enjeu, pour les aidants comme pour la santé de l’entreprise. De leur côté, les salariés aidants subissent ce rythme intense. Le stress s’ajoute bien souvent à la fatigue physique et nerveuse, engendrant des difficultés à se concentrer pour plus d’un aidant sur deux.
Seuls un tiers des aidants informent leur supérieur hiérarchique de leur situation. Bien souvent, ils estiment que leur rôle d’aidant touche au personnel et ne concerne donc pas l’entreprise. En parallèle, 39% des salaries aidants ignorent que le Code du Travail prévoit des congés spécifiques et adaptés à leur situation. Les congés de solidarité familiale ou de proche aidant ont justement été pensés pour sou-lager leur quotidien. « Pour plus de discrétion ou parce qu’ils ne connaissent tout simplement pas ces dispositifs, 67% des aidants prennent des congés payés et RTT pour assumer leurs responsabilités. La première des étapes est donc bien celle de l’information », commente Pascal Andrieux.
Quelles solutions à mettre en place ?
Parmi les interrogés, 64% des aidants affirment que l’information sur les aides disponibles est une prio-rité. Vient ensuite la flexibilité des horaires, jugée primordiale pour 61% d’entre eux. Pour faire profiter à leurs salariés aidants d’un véritable accompagnement, les entreprises peuvent également organiser des formations thématiques et mettre des documents informatifs à leur disposition. Enfin, 30% des aidants aimeraient voir se créer des groupes de parole au sein de leur entreprise.
De leur côté, les entreprises ont aussi joué le jeu en proposant une liste de solutions jugées pertinentes. « 75% des dirigeants et DRH estiment que la mise en place d’horaires flexibles est une bonne option », précise Pascal Andrieux. Certains parlent même de dons de RTT (64%). Enfin, la polyvalence des salariés est une solution pertinente pour 69% d’entre eux. Il s’agirait de former d’autres membres de l’équipe pour pouvoir effi-cacement remplacer un collègue absent. Pour l’entreprise, l’enjeu est double : veiller au bien-être de ses salariés et préserver sa santé économique.
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