Les nouvelles pratiques collaboratives

Des pratiques collaboratives émergent et tentent aujourd'hui de trouver leur place dans les entreprises !

Le dialogue est nécessaire au bon fonctionnement de l’entreprise. Mais comment faire pour favoriser ces temps de parole et délier les langues ? Co-développement, world café, Théorie U... le point sur les nouvelles pratiques collaboratives.

3 questions à Agnès Avril-Conway,
Consultante et coach

« L’entreprise se recentre sur ses objectifs »

Agir Mag : Les pratiques collaboratives se développent-elles dans les entreprises ?

Agnès Avril-Conway : Aujourd’hui la mise en place de processus a tendance à isoler les personnes. Pour autant, il y a toujours eu une dimension collective dans le travail avec des pratiques collaboratives spontanées. Elles prennent aujourd’hui un nouvel essor et tendent à se développer, en reprenant avec plus de pragmatisme les concepts issus des expérimentations des années 80 et 90. Le «savoir travailler ensemble» a mûri, en particulier en Amérique du Nord et en Asie et on peut désormais proposer des méthodes de travail beaucoup plus créatives et productives. Autrement dit, on peut sortir de la «réunionite» avec « power-point », assez passive, en mettant en place des approches engageant une vraie contribution pour les équipes, comme par exemple les world cafés. Cet art du «travailler ensemble» est simple mais n’est malheureusement pas «inné». Il se transfère rapidement aux équipes qui, en retrouvant un cadre de liberté de parole, redoublent d’énergie et d’initiative.

Agir Mag : Les entreprises ne sont-elles pas frileuses vis-à-vis de ce type de pratiques?

A-A.C : Au sein des entreprises, en général, les équipes ont pris l’habitude de régler les choses dans les couloirs, alors que les pratiques collaboratives permettent au contraire de développer une communication qui évite de personnaliser les problèmes et évacue les tensions. L’entreprise se recentre ainsi sur ses vrais objectifs et sur la qualité des arbitrages du quotidien. Dans une PME par exemple, cela peut-être très intéressant, parce que l’on sort d’une «affectisation» des situations en abordant de manière saine les  inévitables tensions générées au quotidien.

Agir Mag : Ces pratiques sont-elles transposable à des questions de santé au travail ?

A-A.C : Les pratiques collaboratives ont un impact fort sur le bien-être au travail car elles sortent la personne de l’isolement. On peut par exemple faire du «co-développement», une méthode qui consiste à rassembler des personnes qui partagent une même problématique et qui vont s’enrichir mutuellement de leurs propres apprentissages. A l’opposé des approches  psychologisantes, elles permettent de se centrer sur les situations de travail qui posent problème et génèrent du stress, en s’appuyant sur une certaine solidarité interne. Un consultant extérieur est là pour donner un cadre sécurisant et respectueux du rythme de chacun.