Dernière mise à jour le : 21/11/2024
Agir mag : Comment définir la pénibilité ?
Serge Volkoff : On peut tenter plusieurs définitions, en se plaçant à des niveaux de connaissances et des registres d'action différents. La définition la plus simple de la pénibilité pourrait être « tout ce qui fait qu'un travail est vécu comme pénible par celui qui l'exerce ». C'est une définition très vaste qui renvoie aux sensations et aux perceptions de la personne qui se trouve au travail, dans toutes les dimensions : physique, mental, psychique, relationnelle, etc. Deuxièmement, on peut considérer que la pénibilité par rapport aux problèmes de santé ou des déficiences des salariés qui seraient dues ou pas à leur vie professionnelle. Cette approche renvoie directement à la santé de chacun et aux dispositifs d'aménagement de postes, à la compatibilité des tâches, voire aux cas d'inaptitude. La troisième voie est celle dont on a beaucoup parlé lors du débat sur les retraites, et qui peut donner droit à un départ anticipé pour cause d'exposition à des facteurs de pénibilité tout au long de sa vie personnelle. Dans ce cas, la pénibilité ne dépend pas de la situation du moment, mais de ce qu'on a vécu au travail depuis le début de sa carrière professionnelle.
Agir mag : Quels sont les enjeux pour les entreprises ?
S.V : S'il on en reste à la première définition, l'important pour les entreprises concerne la prise en charge des salariés. Il faut prévoir des conditions de travail permettant de protéger les salariés présentant temporairement ou définitivement certaines déficiences, à travers des reclassements, des aménagements de postes, des temps partiels... Il faut aussi réfléchir aux conduites de carrière professionnelle permettant de ne plus être exposé à certains risques. Il s’agît donc de mettre en oeuvre des actions d'amélioration de la qualité de vie au travail, à tous les niveaux : horaires, aptitudes physiques, composition du collectif, formation, modes de prise de décision...
Agir mag : Existe-t-il des outils pour mesurer la pénibilité au travail ?
S.V : On peut mesurer certaines formes de pénibilité, y compris quantitativement. On peut le faire notamment à travers des enquêtes s'intéressant à la pénibilité ressentie. Pour avoir une vision plus objective, il suffit de comptabiliser très concrètement les demandes d'aménagement de postes, les passages en invalidité, voire les licenciements pour inaptitude, et bien évidemment d'y ajouter les arrêts maladie pour faire un décompte quasiment administratif de la pénibilité.
Agir mag : Quels sont les acteurs de cette démarche ?
S.V : Tous les acteurs de l'entreprise sont concernés. L'erreur serait de déléguer la question de la pénibilité à un seul service ou une seule personne chargée des ressources humaines. Tout le monde doit être pris en considération dans cette réflexion : le médecin du travail, le CHSCT, les partenaires sociaux, les délégués du personnel, et bien entendu l'employeur au premier chef. Plus il y a d'acteurs impliqués dans la démarche et plus on a de chances d'obtenir un bon résultat.
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