Dernière mise à jour le : 13/12/2024
Aujourd’hui de plus en plus d’études démontrent que le stress psychosocial joue un rôle déterminant dans la survenue et l’évolution de la pathologie cardiovasculaire. L’enjeu est double : mieux vivre pour diminuer les risques d’avoir un problème cardiovasculaire et mieux vivre au quotidien avec une maladie cardiaque. Mais les patients ont-ils réellement conscience des effets du stress psychosocial en cardiologie ? Quels sont les liens entre le cerveau et le cœur ? Comment faire pour que le cerveau soit l’allié du cœur ?
Jean-Pierre Houppe, cardiologue spécialisé en affection cardiovasculaire et sophrologue, s’intéresse depuis de nombreuses années à la dimension psychique des maladies cardiovasculaires. Auteur d’un ouvrage dédié, il est également Président de l’association MEDITAS CARDIO (Mesures d’Education thérapeutique appliquées au Stress en Cardiologie). Explications !
Le cœur est un organe creux et musculaire qui assure la circulation du sang, il joue le rôle d’une pompe qui transporte le sang par des contractions rythmiques vers les vaisseaux sanguins et les organes du corps. « Le cœur est un muscle particulier car il est automatique : on ne se rend pas compte de sa contraction spontanée. Il est capable d’adapter son débit en fonction des aléas de la vie quotidienne grâce à un système nerveux et hormonal qui l’accélère ou le ralentit » explique Jean-Pierre Houppe.
Le cœur et le cerveau sont liés : le cerveau influence le fonctionnement cardiaque, son adaptation aux circonstances d’efforts, aux émotions par l’intermédiaire du système nerveux sympathique et parasympathique et grâce au jeu de sécrétions hormonales.« Notre organisme n’est pas construit pour nous laisser en bonne santé mais pour nous conserver vivant. Ainsi il s’adapte à chaque situation : c’est un mécanisme de survie » insiste t-il.
Ce qui explique notamment l’influence du stress sur l’activité cardiaque. Le stress est une réaction physiologique pour permettre une adaptation à la vie. Deux exemples concrets de cardiologie le démontrent : d’une part, en cas de danger aigu le stress provoque une accélération de la fréquence cardiaque ; d’autre part le stress diminue le temps de coagulation. Ses causes et ses manifestations sont variables d’un individu à l’autre. Face à une situation donnée, chaque personne a une perception différente : une personne considère cela stressant tandis qu’une autre demeure complètement indifférente.
Une des conséquences du stress chronique est le « burn-out » ou syndrome d’épuisement. « Une personne en burn-out se reconnait à 3 caractéristiques le manque d’énergie, l’irritabilité, et la perte du moral » précise le cardiologue. Le burn-out multiplie le risque de survenue de l’infarctus du myocarde par 10 à un an. La survenance d’une maladie est un puissant facteur de déstabilisation psychologique. La personne malade doit alors se reconstruire, et reconstruire des nouveaux buts de vie en harmonie avec ses valeurs mais adaptés à sa santé.
Comment mieux vivre si l’on souffre d’un problème au cœur ? Comment prévenir les risques ? Pour le Docteur Jean-Pierre Houppe, « il est important de prendre conscience du rôle du cerveau et d’avoir aussi une meilleure gestion de ses émotions ». Il suggère de « travailler ses émotions en les acceptant et en ressentant son corps.
Pour faire en sorte que cerveau et cœur soient sur la même longueur d’onde, il existe 7 principes essentiels (voir encadré) sur lesquels sont fondées toutes les thérapies. « Les méthodes et les techniques sont nombreuses, à chacun de trouver celle qui lui convient le mieux. » En plus d’être un excellent traitement contre le stress, l’anxiété et la dépression, l’activité physique est sans doute le « remède » le plus puissant en prévention cardiovasculaire, elle permet de réduire le risque de survenue ou de récidive d’un infarctus d’environ 30%. De même que les techniques de relaxation permettent de détendre le corps et l’esprit, elles reposent en grande partie sur la découverte et la maitrise de la respiration.
Pour le cardiologue, « la marche afghane » est un bon compromis entre activité physique et maitrise de la respiration : « c’est une manière de marcher en rythmant son pas sur sa respiration. » La sophrologie est une autre approche qui permet de réduire le stress et l’anxiété des patients cardiaques. Autre méthode : la cohérence cardiaque qui permet d’améliorer la variabilité sinusale c’est-à-dire la variation de la fréquence cardiaque synonyme de bon équilibre cardiaque et psychologique. « Cette pratique a un aspect ludique, on travaille le plus souvent à l’aide d’un ordinateur avec lequel la personne est reliée grâce à des capteurs de fréquence cardiaque. On atteint la cohérence cardiaque par des méthodes de relaxation ou respiration.»
D’autres moyens à découvrir renforcent les liens entre la cardiologie et la psychologie et visent la même finalité : un esprit sain pour un cœur sain !
- L’unité du corps et de l’esprit : corps et esprit ne font qu’un
- Le vécu corporel : le corps est le meilleur informateur émotionnel
- La respiration : comprendre son monde intérieur et gérer ses émotions
- Le moment présent : avoir conscience du moment présent : c’est être présent
- La restructuration cognitive : le cerveau peut se restructurer pour mieux vivre le présent
- L’entrainement : une pratique régulière
- Améliorer ses capacités d’adaptation et augmenter sa flexibilité
Source : Dr. Jean-Pierre Houppe « Prendre soin de son cœur, Introduction à la psychocardiologie », Editions Dunod.
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