Dernière mise à jour le : 21/11/2024
En 2009, l’obésité concernait 14,5 % de la population, soit presque 6,5 millions de personnes contre 8,5 % en 1997. Trois ans plus tard l’augmentation de la prévalence est observée dans toutes les tranches d’âge de la population, y compris chez les seniors.
Les Journées Européennes de l’Obésité, lancée par le CNAO depuis 3 ans, se sont déroulées cette année les 8 et 9 juin derniers. Cette Journée est organisée dans le but d’informer la population sur les problématiques liées au surpoids et à l’obésité. Au-delà du rôle informatif, il y a le dépistage et la prévention, les objectifs sont de s’occuper de notre propre santé, de modifier les mentalités et faire prendre conscience au grand public qu’il faut qu’il devienne acteur de son état de santé, ne serait-ce qu’à travers des gestes quotidiens…
Rappelons également le lancement en juillet dernier du Plan Obésité 2010-2013 et du Programme national nutrition santé (PNNS) 2011-2015, dont l'objectif premier est d'améliorer l'organisation des soins pour réduire le surpoids et l'obésité chez les enfants et les adultes.
Agir Mag : On oublie souvent que l’obésité est une maladie chronique…
Anne-Sophie Joly : Oui, effectivement c’est un fait clairement établi pour le grand public. Une fois qu’une personne a dépassé une IMC de 30 avec pathologie ou 35 à 40, avec un historique de prise de poids depuis des années jonglant avec les effets yoyo, on rentre dans une chronicité. Des pathologies comme l’hypertension artérielle, des apnées du sommeil, des problèmes de rhumatologie peuvent être associées... L’obésité peut également entraîner des difficultés au niveau de l’infertilité (masculine et féminine) mais aussi augmenter les risques de cancers.
La génétique amplifie aussi le surpoids : si un des deux parents est en surpoids ou obèse, l’enfant a 40% de chance de l’être ; si les deux sont en surpoids ou obèse, l’enfant a 80% de chance sur un point purement génétique ; ensuite votre fonctionnement de vie : l’alimentation, les dépenses énergétiques, l’aspect psychologique font que vous déclencherez ou pas de l’obésité. Malheureusement le grand public considère l’obésité comme un problème esthétique alors que la problématique est médicale beaucoup plus importante !
Agir Mag : Où en est-la prise en charge de l’obésité en France ?
A-S.J : Depuis, les 9 ans et demi d’existence du CNAO, les choses ont considérablement évolué en France. Par exemple, à nos débuts, il n’y avait aucune recommandation de bonnes pratiques pour la chirurgie de l’anneau. Aujourd’hui toutes les recommandations sont posées. Nous avons également été contactés par la Présidence pour faire partie de la commission dirigée par Anne De Danne afin de rendre un rapport sur les besoins et devoirs que l’état a mis en œuvre pour le Plan national Obésité 2010-2013.
La priorité est d’améliorer l’offre de soins et promouvoir le dépistage tout en mobilisant les partenaires de la prévention pour agir sur l’environnement et favoriser l’activité physique. Mais il faut aussi prendre en compte les situations de vulnérabilité et agir sur les discriminations en tous points, tout en investissant dans la recherche. Il est très important qu’il y ait une cohérence et une efficacité dans le système de soins. Il faut faire travailler ensemble chaque spécialité de médecine, de l’alimentation, de l’éducation dans les écoles, les étiquetages des produits alimentaires... Ce qui permet de s’ouvrir et de communiquer dans le but de mieux prendre en charge un patient obèse.
« Dans l’entreprise, la prévention passe par le médecin du travail »
Agir Mag : Le problème de l'obésité en milieu de travail est-il posé ?
A-S.J : Il faut être vigilant car des personnes peuvent se mettre en danger pour garder leur job. Les métiers de la nuit ne sont pas favorables à l’obésité, on a tendance à manger davantage pour compenser le manque de sommeil et rester éveillé, ce qui renforce la prise de poids. De même que les emplois où l’on est assis, les métiers où l’on subit du stress peuvent aggraver la situation.
Le problème de l’obésité peut aussi se poser sur la discrimination à l’embauche. On va donner plus difficilement un poste et un poste à responsabilité à une personne non obèse. Dans la représentation commune, une personne obèse a moins de compétences que la moyenne, ce qui est complètement erroné bien sûr ! Les sociologues disent qu’à formation équivalente « une taille 38 équivaut à un diplôme supplémentaire contre une taille 50...»
Agir Mag : Quel type de prévention en entreprise ?
A-S.J : Dans un premier temps, la prévention passe par les médecins du travail, qui se préoccupent de plus en plus de ce phénomène. Il serait d’ailleurs très intéressant de faire passer un projet de loi pour mieux prendre en compte le problème de l’obésité dans les catégories professionnelles les plus touchées. Les entreprises commencent à comprendre qu’un salarié en bonne santé est plus heureux et du coup plus productif. Certaines d’entre elles se soucient de leur équilibre alimentaire en proposant des corbeilles de fruits ou des fontaines d’eau, ou des repas équilibrés dans les cantines. Certaines sociétés ont même fourni à leurs employés des vélos pour se rendre sur le lieu de travail. Notre leitmotiv est : « Devenez acteur de votre état de santé et celle de ceux que vous aimez ! »
*Collectif National des Associations d’Obèses
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La qualité de vie au travail est l’affaire de chacun et vise le bien-être de tous. Le bien-être est lâché ! Et l’idée est précisément de « se lâcher », de s’autoriser à vivre son travail autrement…