Dernière mise à jour le : 13/12/2024
Maison, bureau, commerces, transports… Nous passons plus de 80 % de notre temps dans un espace clos ou semi-clos. Un constat d’autant plus vrai pour les salariés du secteur tertiaire, qui travaillent entre 8 et 10 heures par jour dans un lieu fermé, de manière sédentaire. Bref, la plupart d’entre nous ont peu l’occasion de s’aérer les poumons au grand air. Or, contrairement aux idées reçues, l’air que l’on respire en intérieur serait 5 à 10 fois plus pollué que l'air extérieur, selon une étude de l’UFC Que choisir de 2009.
En intérieur, trois grandes familles de polluants se distinguent. Premièrement, la pollution de nature physique. Elle réunit par exemple des composés comme l’amiante ou les particules fines. Celles-ci peuvent provenir de l’extérieur, à l’instar des particules émanant de la combustion du diesel, et liées au trafic automobile. Mais aussi de l’intérieur, via le chauffage par exemple. Le deuxième type de pollution est de nature biologique. Ce sont les moisissures, ou encore les bactéries, les virus, les pollens. En espaces clos, l'humidité ou encore la mauvaise maintenance des installations d’eau chaude et de climatisation favorisent la prolifération de ces agents biologiques. Enfin, citons la famille des polluants chimiques, très nombreux. Parmi les plus connus, on retrouve les composés organiques volatils (COV), polluants chimiques essentiellement émis par les matériaux présents à l’intérieur des bâtiments, au niveau des peintures, des sols, du mobilier, des vernis mais aussi des produits de nettoyage. Il s’agit par exemple du benzène et du formaldéhyde.
Première observation : la pollution intérieure est source d’allergies. « Tout le monde s’accorde sur le fait que les maladies allergiques, au moins respiratoires, sont intimement liées à notre environnement, extérieur certes, mais surtout intérieur, qui regorge d’éléments allergènes ou irritants pour nos voies respiratoires », écrit le Dr Isabelle Bossé, Allergologue et présidente de l’Association de recherche clinique en allergologie et asthmologie (Arcaa), qui planche notamment sur des référentiels « afin de définir un niveau de qualité d’air intérieur optimum et supérieur à celui établi par la législation française et européenne qui n’évoquent que les produits chimiques et ne traitent pas les allergènes ». Par ailleurs, plusieurs polluants présents dans l’air intérieur ont été reconnus comme cancérigènes par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) : le formaldéhyde, le benzène, le radon, les particules fines…
« La pollution de l’air est un phénomène sournois, car, premièrement, elle est invisible. Deuxièmement, ses effets sur la santé ne sont généralement pas immédiats : ils se révèlent sur le long terme », résume Axel Ballion, directeur de Ventéo, société spécialisée dans la qualité de l’air intérieur. Malgré tout, il existe des signes qui peuvent témoigner d’une pollution de l’air intérieur, et de l’inconfort de certains salariés qui le respirent : picotements des yeux, sinusites à répétition, autres symptômes allergiques. » Un taux élevé de CO2 dans l’air pourrait aussi entraîner certains effets sanitaires. « Une récente étude expérimentale chez l’homme suggère un effet du CO2 sur la performance psychomotrice (prise de décision, résolution de problèmes) à partir de 1000 ppm », souligne l’Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Qui ajoute : « En l’absence de convergence avec d’autres études et de consensus sur le mode d’action associé, l’Agence recommande d’améliorer les connaissances sur ces effets suspectés. »
Le premier levier d’action consiste à s’attaquer à la source même de la pollution intérieure. Cela est notamment possible en phase de construction des bâtiments. Aujourd’hui, l’étiquetage obligatoire de certains produits (lire encadré) permet de choisir ceux qui émettent le moins de polluants volatils. Dans les espaces déjà en exploitation, « la ventilation reste le premier rempart à la pollution, car elle permet le renouvellement de l’air. On constate que les systèmes de ventilation sont souvent négligés, vieillissants. Leur entretien régulier est indispensable », poursuit Axel Ballion. Une aération qui doit être complétée quotidiennement par un geste simple, mais essentiel : l’ouverture des fenêtres !
Depuis 2013, l’étiquetage des produits de construction et de décoration est obligatoire. Il permet d’indiquer le niveau d’émission du produit en polluants volatils. Ce niveau d’émission est indiqué par une classe allant de A+ (meilleure classe) à C.
• Aérer au moins 10 minutes par jour les bâtiments
• Ne pas entraver le fonctionnement des systèmes d’aération et de ventilation, et les entretenir régulièrement.
• Faire vérifier chaque année avant l’hiver les appareils à combustion et installations par un professionnel.
• Eviter d’utiliser les chauffages d’appoint combustibles mobiles en continu.
• Respecter les doses d’utilisation des produits d’entretien, d’hygiène et de bricolage conseillées sur l’étiquette.
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