Dernière mise à jour le : 13/12/2024
L’interaction entre un individu et son environnement de travail peut être un facteur déterminant dans sa fonction. Le rapport Human Spaces illustre la relation et l’impact entre l’environnement de travail et la productivité. Ainsi de plus en plus d’entreprises s’engagent pour le bien-être et la performance de leurs salariés. Comment ?
Certaines aménagent des espaces de travail suivant un design inspiré d’éléments naturels, appelé le « design biophilique », qui permettent aux employés de s’épanouir, de collaborer et d’exprimer leur créativité tout en étant connecté à la nature et au monde extérieur. Découverte de cette nouvelle approche avec Laure Rondeau, Chargée de développement durable chez Interface, leader mondial de la conception et fabrication de dalles de moquette. Dans les années 90, l’une des premières entreprises à s’être engagée publiquement en faveur du développement durable à travers la « Mission Zéro » dont l’objectif est d’éliminer son impact sur l’environnement d’ici 2020…
Aujourd’hui, une part importante de la population travaille en milieu urbain et se trouve déconnectée de la nature comme jamais auparavant. En 2010 en France on comptait 77,8% de la population résidant en zone urbaine contre 75,6 % en Allemagne et 90,1% au Royaume-Uni. Les salariés ont des interactions très limitées avec l’environnement. La récente étude sur le design biophilique indique que 42% des personnes sondées n’ont pas de fenêtre avec vue sur l’extérieur dans leur espace de travail et ne bénéficient donc pas d’un éclairage naturel.
Autre constat : les bureaux sont de plus en plus aseptisés, les couleurs les plus fréquemment utilisées sont le blanc ou le gris. Laure Rondeau explique ce phénomène : «Ces dernières années les bureaux ont été créés pour plus de productivité sans tenir compte des hommes qui y travaillent. Par exemple, les open spaces sont très bruyants et ne sont pas toujours l’idéal quand on doit se concentrer sur une tâche. » Pourtant les salariés cherchent de plus en plus une échappatoire à la jungle urbaine et les liens avec la nature s’intensifient.
La biophilie signifie littéralement « amour de la nature ». « Du fait de ses origines, l’homme est lié à la nature » explique Laure Rondeau, c’est le lien instinctif entre les êtres humains et les autres organismes vivants. Face au phénomène d’urbanisation, le design biophilique se veut une réponse à ce besoin humain et s’efforce de rétablir ce contact avec la nature dans l’environnement bâti. Elle précise : « La nature est bien pensée. Le design biophilique permet de s’en inspirer pour que l’homme en apprécie les effets bénéfiques. » Cette approche consiste à rendre des bâtiments vivants et a pour objectif de perpétuer le lien entre l’individu et la nature dans les espaces de vie et de travail au quotidien.
Dans de nombreux pays d’Europe, il a été établi que la vue de paysages urbains n’a aucun effet positif voire peut avoir un impact négatif sur la santé dans certains cas. En revanche, des scènes représentant des éléments de la nature, comme des arbres ou des lacs, sont reconnues pour avoir des effets bénéfiques sur le bien-être des personnes et améliorer à long terme leur santé. De plus, ce sont souvent les milieux naturels que les personnes trouvent particulièrement attrayants et plaisants d’un point de vue esthétique. Par conséquent, les imiter sur les lieux de travail permettrait de créer des espaces de travail agréables développant le bien-être et la productivité des salariés.
La simple présence d’éléments naturels dans l’environnement de travail contribue à diminuer les effets négatifs du stress et a un impact positif sur le bien-être. Les employés de bureau européens qui travaillent dans des environnements comportant des éléments naturels, tels que plantes vertes et lumière naturelle déclarent un niveau de bien-être supérieur de 13%. « Le rapport au travail évolue. Les salariés passent de plus en plus de temps sur leur lieu de travail, ils ont envie de se sentir aussi bien au bureau que chez eux » ajoute la chargée de développement durable d’Interface. Un agencement simple, un bon éclairage, des couleurs chaudes et vives et des éléments naturels, permettent de dégager aussi un fort potentiel de créativité.
De plus, le fait de se sentir bien dans son travail multiplie la productivité. Les employés de bureau européens qui officient dans des environnements intégrant des éléments naturels sont de 8 % plus productifs. Autre intérêt pour les entreprises, la réduction de l’absentéisme : « les salariés qui seront plus heureux seront par conséquent plus présents au travail. L’entreprise enregistrera moins de turn-over et elle sera aussi plus attractive pour l’embauche de nouveaux talents » affirme Laure Rondeau. Ainsi, le développement du design biophilique dans les entreprises va permettre aux salariés de se reconnecter à la nature mais aussi avec eux-mêmes pour travailler mieux.
Les couleurs les plus couramment utilisées dans le bureau sont le blanc et le gris
Seulement 45% des employés interrogés ont des plantes vivantes dans leur bureau
Source : Rapport Human Spaces / Institut One Poll
Sondage en ligne réalisé auprès d’un échantillon de 3 600 employés de bureau (500 par pays et 100 pour Dubaï) âgés de 18 ans et +, issus d’entreprises de plus de 50 salariés dans la zone EMEA (France, UK, Allemagne, Espagne, Suède, Danemark, Pays bas et Emirat Arabe Unis (Dubaï) – Octobre 2014
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