Santé mentale au travail
N°78 - Septembre / Octobre 2018
L’accès au travail est un droit pour tous. Et pour les personnes atteintes de troubles psychiques ?
Les entreprises ont progressé en matière d’intégration des personnes en situation de handicap physique. Il n’en va pas encore de même pour les salariés atteints de troubles psychiques ou cognitifs. Pourtant des solutions existent… Le club Arihm (Club action et recherche, insertion et handicaps psychiques ou mentaux) se consacre à l’amélioration des modalités d’insertion professionnelle de la personne atteinte de handicap psychique ou mental. Découverte.
3 questions à
Docteur Gisèle Birck*, Médecin psychiatre
Fondatrice du club ARIHM
Agir Mag : Qui sont les personnes en situation de handicap psychique dans le monde du travail ?
Gisèle Birck : Les profils sont extrêmement divers. Il s’agit parfois de salariés porteurs d’une pathologie ancienne, comme la bipolarité ou l’autisme, mais aussi de collaborateurs dont le handicap survient après un épisode traumatisant, comme un accident, une dépression nerveuse ou un burnout professionnel. Nous suivons aussi de plus en plus de gens souffrant de troubles cognitifs comme les TDAH (troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité) pathologie dont l’impact sur le collectif de travail doit être de plus en plus pris en compte. Notre rôle est d’accompagner au mieux les personnes et leur hiérarchie pour lever le tabou du handicap psychique et organiser le travail en intégrant cette particularité. Sans rejet ni permissivité, mais avec objectivité et sens du résultat.
Agir Mag : Quelle est la mission du club ARIHM que vous avez fondé ?
G.B : Le club Arihm une association de loi 1901 créée en 1990. Je l’ai fondée avec des médecins, des praticiens en psychologie et en pédagogie, mais aussi des responsables d’entreprises. Le club se consacre à la recherche de solutions concrètes pour faire face aux difficultés des salariés concernés, mais aussi de leurs managers souvent démunis. Nous intervenons en entreprise, à la fois en conseil, en prévention ou en diagnostic, mais aussi en appui pour trouver les moyens adaptés à chaque situation particulière. C’est un travail de concertation avec les ressources humaines, la médecine du travail, le personnel d’encadrement et les salariés eux-mêmes : il est capital que la réflexion soit pluridisciplinaire pour être efficace et durable.
Agir Mag : Quelles améliorations sont possibles ?
G.B : Elles sont nombreuses. Au-delà des actions strictement opérationnelles, qui touchent à l’organisation, au management ou au rythme de travail, nous constatons de réels progrès sur la maturité des entreprises qui ont le courage de prendre le sujet du handicap psychique à bras-le-corps. Quand des solutions de tutorat sont décidées, par exemple, on s’aperçoit que les collègues, qui pouvaient auparavant rechigner devant la lenteur ou les éclats d’un salarié en souffrance mentale, font soudain acte de solidarité. La difficulté, quand elle est bien gérée, soude le collectif.
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