Dernière mise à jour le : 22/10/2024
Tout commence en 1981, lorsque Marie-Paule Blanchard enseigne dans la première classe pour élèves déficients intellectuels (trisomiques, autistes) intégrée en collège. Pendant plus de vingt ans, elle accompagne ces jeunes dans leurs itinéraires scolaires puis professionnels. « Logiquement une priorité s’est dessinée : leur maintien dans l’emploi », résume Marie-Paule, aujourd’hui retraitée, et cofondatrice de l’association AVEC.
Durant plusieurs années, Marie-Paule et son collègue Simão aiguillent les salariés déjà en poste. Puis, en 2007, un virage s’amorce. En regardant le film « I am Sam », dont le héros, déficient intellectuel, est serveur dans un Starbucks, Simão propose à la chaîne de cafés d’intégrer des salariés handicapés dans ses succursales parisiennes. Le groupe adhère au projet. En 2010, AVEC crée le métier de « technicien de l’intégration ».
Aujourd’hui, AVEC suit 24 salariés en situation de handicap mental et plus récemment, de vulnérabilité psychique, selon un protocole d’intégration bien rodé. « Nous rencontrons tout d’abord l’entreprise pour répondre à ses questions sur des handicaps face auxquels elle se sent très souvent démunie, détaille Marie-Paule. L’occasion aussi de parler en termes d’exigences et de compétences. Ces impératifs propres à l’entreprise ne sont pas incompatibles avec les situations de handicap. Au contraire, ils renforcent la responsabilisation et l’autonomie des salariés. »
L’association définit avec l’employeur les tâches qui peuvent être confiées au travailleur handicapé : nettoyer les tables et accueillir les clients dans les coins cafés, par exemple. Puis elle chapeaute le recrutement. « Nous vérifions que la personne susceptible d’être recrutée puisse assumer son poste en garantissant sa sécurité et celle de ses collègues, et respecter le règlement intérieur. » L’entreprise, de son côté, s’engage à proposer des postes adaptés. « Si un travailleur a besoin de prendre une pause de cinq minutes toutes les heures pour se sentir bien, on propose à l’entreprise d’allonger son temps de travail de quinze minutes afin de compenser. On fait du sur-mesure, finalement. »
Une fois le contrat signé, un technicien de l’intégration se rend chaque semaine dans l’entreprise. Et tous les deux mois, les membres d’AVEC rencontrent l’équipe pour faire le point, proposer des améliorations, observer les progrès réalisés du côté du travailleur handicapé… mais pas uniquement. Marie-Paule de citer l’exemple de ce snack où les ustensiles étaient rangés dans des contenants opaques. Impossible pour le déficient intellectuel de lire les étiquettes. Un collègue propose donc d’utiliser des boites transparentes dans lesquelles on voit ce qui s’y trouve. « Cette idée simple a facilité le travail de l’équipe entière. Les managers sont nombreux à reconnaître que la présence d’un travailleur handicapé les amène à améliorer leur façon de communiquer ! »
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Le recrutement de travailleurs handicapés est une obligation légale. Mais cette obligation peut devenir une réelle opportunité...! Comment voyez-vous le handicap ?