Dernière mise à jour le : 13/12/2024
La méconnaissance des troubles du spectre de l'autisme explique en partie le retard pris par la France en matière d'insertion professionnelle. En effet, pour les 400 000 personnes autistes en âge de travailler, seules 5 % seulement ont accès à un emploi. C’est en prenant conscience de cet enjeu qu’est née l’association Vivre et Travailler Autrement (VETA), créée en 2014 par Jean-François DUFRESNE, son président fondateur, lui-même père d'un jeune adulte autiste non verbal.
VETA propose à des adultes atteints de troubles modérés à sévères d’autisme, un emploi en CDI en usine, un hébergement tourné vers le milieu ordinaire, et des activités favorisant leur insertion et leur épanouissement avec un encadrement permanent dispensé par des spécialistes de l’autisme tant au travail que sur le lieu de vie.
Agir Magazine : Qui sont les adultes autistes que vous accompagnez ?
Yenny Gorce : La plupart ont entre 20 et 30 ans, sont autistes dits sévères, souvent non verbaux ou non communicants, avec beaucoup de difficultés dans les interactions sociales et souvent une déficience intellectuelle associée. Or ils sont capables de travailler et même très bien.
Leur handicap est leur plus grande force. Sur des tâches très simples, sans analyse et très répétitives comme du conditionnement, de l’étiquetage, du rangement ou de la pesée, leur fonctionnement très spécifique, couplé avec un environnement adapté et un accompagnement personnalisé, fait d’eux des salariés très productifs. Les stratégies qu’ils mettent en place pour compenser leur besoin de prévisibilité, de ritualisation, de rigueur, d’un cadre clair et précis, leur permettent d’effectuer des tâches simples et répétitives avec beaucoup plus de facilité, de régularité et de satisfaction que d’autres salariés.
Agir Mag : Quel est votre dispositif d’insertion pour sécuriser leur parcours professionnel ?
Y. G : Ce dispositif est en plein essaimage avec 12 projets en cours qui permettront à plus de 150 personnes avec TSA d’obtenir un emploi dans les trois prochaines années. Les entreprises concernées doivent s’engager à recruter à terme une dizaine d’autistes adultes à mi-temps. L’effectif complet est souvent atteint au bout de 2 ou 3 ans dans chaque entreprise car ils arrivent progressivement un par un, bénéficient chacun d’un accompagnement personnalisé dispensé par des spécialistes de l’autisme, très rapproché au début mais qui s’estompe dès qu’ils gagnent en autonomie.
Agir Mag : Comment définir votre collaboration avec les entreprises ?
Y.G : Nous sommes une équipe de consultants spécialisés en inclusion de personnes autistes avec déficience intellectuelle, dans les entreprises. Nous sommes le point de liaison entre l’entreprise et les acteurs médico-sociaux du territoire qui accompagnent les adultes autistes. Notre travail, c’est de convaincre une entreprise à tenter l’aventure. Cette collaboration nous permet d'aider les entreprises à mieux prendre en compte les besoins d’aménagement des postes de travail, d’aide au transport pour les trajets domicile/travail, d’adaptation des formations dédiées aux personnes autistes, de formation/sensibilisation à l’autisme des équipes de l’entreprise d’accueil, d’adaptation des outils supports d’information au sein des entreprises par les personnes avec autisme, etc.
L’association VETA et l’Agefiph (Association de Gestion du Fonds pour l'Insertion professionnelle des Personnes Handicapées) ont signé un protocole national en février 2022 pour simplifier et rendre plus homogène l’accompagnement de l’Agefiph aux entreprises qui s’engagent pour l’insertion des adultes autistes dans le monde du travail, sur l’ensemble du territoire français.
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Le recrutement de travailleurs handicapés est une obligation légale. Mais cette obligation peut devenir une réelle opportunité...! Comment voyez-vous le handicap ?