Dernière mise à jour le : 13/12/2024
Fondée en 2017, cette entreprise de restauration rapide forme et emploie des personnes en situation de handicap mental et/ou cognitif, principalement avec trisomie 21 ou autisme. L’ambition de Cafés Joyeux est de rendre le handicap visible et favoriser la rencontre, en proposant du travail, en milieu ordinaire, à des personnes éloignées de l’emploi. Cette joyeuse maison entend construire un modèle rentable et faire de la différence une force.
Après une première évaluation, les « équipiers joyeux » sont recrutés et formés par une équipe de spécialistes RH, opérationnel et de management. Parallèlement à leur formation en alternance, les équipiers joyeux intègrent les Cafés Joyeux en CDI. En fonction de leurs capacités, et toujours encadrés par des managers bienveillants, ils occupent différents métiers de la restauration : accueil, caisse, cuisine, service en salle. La question de l’envie et de la motivation est fondamentale car il s’agit de « permettre à chacun des équipiers de prendre confiance, de gagner en expérience et de se sentir pleinement impliqué dans l’entreprise » souligne Lysiane TRAVERSON, Directrice des ressources humaines de Cafés Joyeux.
Mais l’équipier doit être en mesure de pouvoir tenir les engagements d’un travail dans une entreprise ordinaire et dans un milieu exigeant physiquement comme la restauration. C’est dans ce cadre que l’entreprise a fait appel à son Service de santé au travail afin d’être conseillée et accompagnée dans ses démarches auprès de l’Agefiph. Plus particulièrement, l‘objectif était de spécifier les « avis circonstanciés » à la suite des études de poste individuelles réalisées pour 18 équipiers du Café Joyeux de Paris 8. Ces avis permettent notamment à l’entreprise de demander la « RLH » (reconnaissance de la lourdeur du handicap) auprès de l’Agefiph. Reportage.
Agir Mag : Les études de postes et avis sont-ils systématiques pour vos équipiers ?
Lysiane Traverson : Effectivement, dans le contexte de travail de Café Joyeux, ces analyses sont systématiques et nous permettent de mettre en place des aménagements adaptés pour nos équipiers, les plus simples possibles, en fonction de situations de handicap différentes. On est également tenu de s’ajuster à la configuration des locaux de travail qui diffère toujours d’un lieu à l’autre.
L’objectif final de tout aménagement étant d’éviter le risque d’accident et de blessure. Les avis circonstanciés sont, par ailleurs, indispensables pour pouvoir obtenir la « RLH », et bénéficier d’aides financières majorées l’Agefiph afin de faciliter l’adaptation des lieux de travail. J’ajoute que dans les dernières ouvertures de cafés, on a associé l’obtention d’un diplôme reconnu par la branche et bientôt par l ’Etat à la signature d’un contrat de travail à durée indéterminée. Cet ensemble de mesures est fait pour renforcer l’inclusion de nos équipiers.
Agir Mag : Dans le cas présent, comment avez-vous fonctionné avec votre Service de santé au travail ?
L.T : Nous avons pu compter sur une grande flexibilité de notre SST car du fait de la crise sanitaire et des mesures sur la fermeture au public des lieux de restauration, nous avons mis en place le click and collect ! Il fallait donc se mettre au point avec les préventeurs pour qu’ils puissent réaliser malgré tout des études de postes sur les équipiers présents sur site (nous avons organisé un roulement pour le présentiel). Globalement, notre collaboration a articulé visite sur site, réunions à distance et implication de nos managers référents pour le SST. Nous avons également des examens médicaux en cours de programmation pour nos équipiers qui sont en suivi médical individuel renforcé.
Agir Mag : Quel bilan faites-vous de cette action et de votre collaboration ?
L.T : Cela nous a permis de dépasser les difficultés posées par le contexte sanitaire et de débloquer nos dossiers de demande de RLH. Le bilan est donc très positif car notre Service de santé au travail a répondu présent pour nous conseiller et nous aider sur des problématiques à la fois de santé-sécurité au travail et de santé économique de l’entreprise.
« La visite des locaux de travail s’est déroulée le 19 février. Le manager du site de Paris 8 nous a présentés l’équipe en place et l’organisation du travail en détails. Les informations recueillies ont également permis de rédiger la fiche d’entreprise. Ainsi, nous avons pu observer « en situation », les équipiers présents en cuisine lors des préparations chaudes et froides et au comptoir lors du service et de l’encaissement des clients. Pour chacun des 18 salariés, nous avons pu vérifier que les aménagements techniques et organisationnels stipulés dans les avis étaient bien mis en place. Chaque aménagement technique a fait l’objet d’une réflexion de la part de l’encadrement et des équipiers pour faciliter la réalisation des tâches tout en limitant les risques d’accidents (lire encadré). Plus globalement, l’approche inclusive menée témoigne d’une réelle volonté d’intégrer des personnes en situation de handicap dans un milieu de travail ordinaire et d’y associer concrètement les questions de santé-sécurité afin que leur handicap ne soit pas/plus un frein à l’accès au travail. En cela leurs équipiers sont mis « à la lumière », valorisés et reconnus en tant que personnes et professionnels ! »
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Le recrutement de travailleurs handicapés est une obligation légale. Mais cette obligation peut devenir une réelle opportunité...! Comment voyez-vous le handicap ?