Dernière mise à jour le : 21/11/2024
Silice amorphe, dioxyde de titane, dendrimère… Ces substances aux noms poétiques font partie de la grande famille des nanomatériaux. Ces derniers peuvent exister dans la nature, ou être produits par l’homme, sous forme de poudre, de suspension liquide, de gel… Les « nanos » peuvent aussi bien être des métaux, des céramiques, des polymères, des carbones.
Leur point commun ? Une taille comprise entre 1 et 100 nanomètres, un nanomètre équivalant à un millionième de millimètre. Depuis la fin des années 90, les nanomatériaux ont fait une entrée fracassante dans la vie courante et dans l’industrie, utilisés dans la fabrication des cosmétiques, aliments, vêtements, emballages… Les salariés peuvent donc y être exposés au cours de diverses taches de manipulation, transformation, nettoyage, souvent sans même le savoir.
Du fait du développement récent des « nanos », de leur complexité et de leur diversité, les connaissances sur leurs effets sur la santé sont encore limitées. Toutefois, selon les conclusions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses), « il n’est pas possible d’exclure l'existence d'effets sanitaires sur l'homme ni de conséquence sur l'environnement à la suite d'une exposition à des nanomatériaux ».
Plusieurs études ont ainsi révélé que les nanomatériaux étaient capables de pénétrer différents organes du corps après avoir été ingérés et inhalés : foie, cœur, cerveau, estomac… « La diffusion et l’accumulation de nanomatériaux dans l’ensemble de l’organisme pourraient alors jouer un rôle dans le développement de certaines pathologies cardiaques et du système nerveux central », avance l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Autre interrogation : les nanomatériaux sont-ils cancérigènes ? « Actuellement, il est difficile de se prononcer. Certains ont montré un potentiel cancérigène lors d’études sur des animaux et des cultures cellulaires à partir d’une certaine dose d’exposition », conclut la Ligue suisse contre le cancer.
Face à ce manque de données, pas facile de mettre en place des actions de prévention. D’autant qu’il n’existe aucune obligation d’étiquetage spécifique des nanomatériaux. La première étape de toute démarche de prévention dans le secteur industriel consiste donc à repérer les nanomatériaux présents, et d’évaluer l’exposition des salariés.
Alors que l’Anses recommande de « limiter l’exposition des consommateurs et des salariés », la première question à se poser est : ces nanomatériaux sont-ils vraiment nécessaires ? Si oui, il convient alors de limiter au maximum les quantités utilisées, et de suivre quelques recommandations. Parmi elles : privilégier la fabrication et l’utilisation de nanomatériaux sous forme non pulvérulente (c’est-à-dire qui ne sont pas en poudre), limiter et signaler l’accès à la zone de travail, installer des systèmes de ventilation ou de filtrage de l’air adéquats, systématiser l’utilisation d’équipements de protection (filtre anti-aérosols, combinaison, gants, lunettes…), etc.
Toutes les recommandations à retrouver dans la brochure de l’INRS « Aide au repérage des nanomatériaux en entreprise » (ED 6174). www.inrs.fr
L’InVS (Institut de veille sanitaire) a mis en place cette année un dispositif de surveillance épidémiologique des travailleurs potentiellement exposés aux nanomatériaux, intitulé EpiNano. Il sollicite les entreprises, via l’envoi de questionnaires, le repérage des postes exposés, puis le suivi des salariés.
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